Version actualisée
Contrairement à ce que nous indiquions dans la version précédente de cet article, L’Express et BFMTV n’ont pas « censuré » un démenti israélien, mais l’ont simplement ignoré en négligeant d’assurer le suivi normal d’une information. Cette version actualisée de notre article permet de mieux comprendre les mécanismes de la désinformation qui sont souvent collectifs.
Les faits
Vendredi 9 septembre 2016, en fin de journée, un porte-parole du ministère de la Santé palestinien à Gaza affirme qu’un adolescent palestinien de 16 ans, Abdel-Rahman Al-Dabbagh, a été tué d’une balle dans la tête par l’armée israélienne alors qu’il participait à une manifestation à la frontière entre Israël et la bande Gaza.
Le traitement de l’information
L’Agence France-Presse (AFP) diffuse à 19h38 une première dépêche pour rapporter l’information.
Gaza: un Palestinien tué dans des heurts avec des soldats israéliens (ministère)
Gaza (Territoires palestiniens), 09 sept 2016 (AFP) –
Un jeune Palestinien a été tué vendredi dans des heurts avec des soldats israéliens près de la barrière de sécurité israélienne qui longe la bande de Gaza, a indiqué le porte-parole du ministère de la Santé palestinien.
Abdel Rahman Dabbagh, âgé de 16 ans, a été tué d’une balle réelle dans la tête, a précisé le porte-parole du ministère de la Santé Achraf al-Qodra.
Selon des témoins sur place, le jeune homme lançait, avec des dizaines d’autres Palestiniens, des pierres sur les soldats israéliens de l’autre côté de la barrière.
La mention « (ministère) » indique dans le titre qu’il s’agit d’une information non encore vérifiée, qui émane d’un ministère palestinien.
Une version plus développée de la même dépêche, avec le même titre, est diffusée par l’AFP, quelques minutes plus tard, à 19h54.
L’Express et BFMTV diffusent la dépêche, en donnant l’information pour certaine et vérifiée
Cinq minutes plus tard, à 19h59, L’Express diffuse la dépêche sur son site.
Mais la mention « (ministère) » a disparu du titre. La pratique, habituelle, n’est en soit pas blâmable. La mention « (ministère) » est destinée avant tout aux journalistes des rédactions qui travaillent en temps réel et doivent sans cesse réactualiser l’information.
Amputé de cette mention, le titre répond aux critères de lecture du « grand public ».
Mais cette subtile modification a changé le sens de l’information qui est désormais présentée comme certaine et incontestable. Â
Une demi-heure plus tard, à 20h29, BFMTV embraye à son tour et diffuse la dépêche dont le titre est également :
Le démenti de l’armée israélienne est diffusé dans la soirée.
Deux heures plus tard, à 22 h 02, l’AFP diffuse une nouvelle version de la dépêche, enrichie du démenti de l’armée israélienne.
Le titre est ainsi rédigé :
Gaza: un Palestinien tué dans des heurts avec l’armée israélienne (ministère)
ajoute démenti armée israélienne
Le démenti israélien, très explicite, figure dans le texte de la dépêche :
L’armée israélienne a démenti pour sa part avoir eu recours à des tirs à balles réelles dans les affrontements (…)
L’armée israélienne a affirmé elle que ses forces n’avaient eu recours qu’à du gaz lacrymogène pour disperser les jeunes.
« Des dizaines d’émeutiers ont violé la zone tampon et essayé d’endommager la barrière de sécurité », indique l’armée dans un communiqué.
« Cherchant à empêcher une escalade de la violence, les forces stationnées à la frontière ont fait usage de gaz lacrymogène, ce qui a entraîné la dispersion des émeutiers ».
« Suite à une enquête préliminaire », l’armée « n’est pas derrière le tir qui a été rapporté », selon le communiqué.
Mais un vendredi à 22 h, les salles de rédaction sont sans doute désertées. Ni L’Express, ni BFMTV n’ont semble-t-il jugé nécessaire d’assurer le suivi de l’information inexacte qu’ils avaient donnée deux heures auparavant.
Aujourd’hui, la dépêche de l’AFP sans le démenti israélien figure toujours sur le site des deux médias français.
Commentaire
Comment expliquer cette censure qui contrevient gravement à toutes les règles de la déontologie ?
Ces deux journaux ont peut-être estimé que les accusations des Palestiniens relatives à la mort de l’adolescent étaient suffisamment avérées pour considérer le démenti israélien comme totalement superfétatoire.
Pourtant, cette information en provenance de Gaza est plus que sujette à caution.
La thématique des enfants et civils palestiniens sans défense tués par l’armée israélienne est depuis le début de la deuxième Intifada l’un des éléments centraux de la propagande palestinienne.
Le démenti de Tsahal sur son absence de responsabilité dans le décès annoncé par les Palestiniens est d’autant plus crédible que la franchise des autorités israélienne n’a jamais été prise en défaut dans ce type d’incident.
Les Israéliens ont toujours reconnu leur responsabilité dans d’éventuelles bavures et conduisent régulièrement des enquêtes qui peuvent aller jusqu’à de lourdes sanctions contre les soldats de Tsahal.
En revanche, les services du ministère de la Santé à Gaza – qui sont totalement sous la coupe du Hamas – ont à plusieurs reprises dans le passé déjà diffusé de fausses informations relatives à des morts d’enfants, d’adolescents ou de civils palestiniens imputées à tort à l’armée israélienne.
Ces fausses informations ont été complaisamment reprises par l’AFP qui n’a pas jugé utile de procéder aux vérifications nécessaires et qui a même, dans certains cas, tronqué ou passé sous silence les démentis israéliens.
Vous avez aimé cet article ? Suivez InfoEquitable sur Facebook et Twitter.
Auteur : InfoEquitable
Image : CC BY-NC-ND 2.0 Rusty Stewart – Flickr
Pilou / 14 septembre 2016
Les arabes tentent encore une fois d’enrubanner la communauté internationale avec un autre « hoax » tel , Al-Dura.
/
Loup5522 / 19 septembre 2016
Désinformation quand tu nous tiens !!
/