Le New York Times, journal dit de référence par tant de journalistes dans le monde, a une manière bien à lui d’utiliser le langage. Il dispose d’un certain vocabulaire pour parler des affaires du monde, et d’un vocabulaire spécial réservé aux articles parlant du conflit israélo-arabe.
Résumé
Gilead Ini a observé, simplement durant l’année passée, que le New York Times a utilisé le terme « territoire disputé » pour décrire les conflits territoriaux au Sahara occidental entre le Front Polisario et le Maroc, au Cachemire, disputé par l’Inde et le Pakistan, pour le récif de Scarborough, contesté par la Chine et par les Philippines, les Iles Spratly, réclamées par divers pays d’Asie du sud-ouest, le Triangle de Yirga entre l’Erythrée et l’Ethiopie, le Nagorno-Karabakh, contesté entre l’Azerbaïdjan et les séparatistes d’Arménie, le Bartica, réclamé par le Venezuela et le Guyana, et même pour certains territoires en Syrie et en Irak. Dans un seul cas, celui de la Cisjordanie, a noté Ini, le NY Times semble avoir adopté la politique d’éviter à tout prix le terme de « territoire disputé » et clame avec insistance que « ce territoire appartient de droit aux Palestiniens ».
Il est difficile de comprendre cette politique, en particulier quand on examine l’histoire du groupe d’agglomérations appelé le Bloc du Gouch Etzion, écrit Ini. Des maisons et des fermes y furent construites « durant la période pré-étatique sur des terres inoccupées, achetées par les représentants du peuple juif, dans un territoire administré par les Anglais que la communauté internationale, par la Ligue des Nations, avait attribué au peuple juif pour y installer son foyer national ».
Ce territoire fut attribué par le plan de partage de l’ONU de 1947 à un état arabe devant être érigé, mais qui fut refusé par tous les leaders arabes. Durant la Guerre d’Indépendance d’Israël, il fut capturé et occupé par la Jordanie, mais cette occupation ne fut pas reconnue par la communauté internationale.
Dix-neuf ans plus tard, « Israël repoussa l’attaque jordanienne durant la Guerre dite des « Six-Jours » et prit le contrôle de la Cisjordanie. Sous administration israélienne les Juifs purent enfin reconstruire le Gouch Etzion et s’y installer, bien que ceci soit rejeté par la communauté internationale ».
Malgré l’histoire de ce territoire, le NY Times répète à ses lecteurs que « ces implantations sont territoire palestinien. En d’autres termes, il évite à tout prix l’usage du mot « disputé », description objective de la situation puisqu’elle montre le point de vue des deux parties au conflit. « Mais le journal adopte continuellement un vocabulaire intrinsèquement, indubitablement partisan ».
Article complet
Le Sahara occidental, selon le New York Times, est “un territoire disputé”.
Rien de mal à cela. Le statut de cette large bande de terre entre le Maroc et la Mauritanie est de fait disputé. La Maroc affirme que le Sahara occidental fait partie de son territoire souverain, ce que réfute la communauté internationale. La dispute à ce sujet oppose le Maroc au Front Polisario, groupe rebelle qui a déclaré son état sur ce territoire. Le Front Polisario a sa propre dispute avec la communauté internationale, qui ne reconnait pas son état.
Au delà du Sahara occidental, le NY Times durant l’année passée n’a pas hésité à parler à ses lecteurs d’autres territoires disputés : le Cachemire, sur lequel l’Inde et le Pakistan affirment leur souveraineté ; le Récif de Scarborough, contesté par la Chine et les Philippines ; les Iles Spratly que se déchirent plusieurs pays d’Asie du sud-est ; le Triangle Yirga entre l’Erythrée et l’Ethiopie ; le Nagorno-Karabakh, contesté par l’Azerbaïdjan et les séparatistes arméniens ; le Bartica, réclamé par le Venezuela et le Guyana ; et même certains territoires en Syrie et en Irak.
Il y a une différence fondamentale dans le vocabulaire employé par ce journal concernant le conflit entre Israël et les Palestiniens : les rédacteurs du NY Times ont admis avoir mis en place une politique consistant à ne jamais utiliser le terme de « territoires disputés » même pour décrire les terrains les plus disputés justement, ceux sur lesquels sont construites les implantations israéliennes en Cisjordanie. Ces rédacteurs insistent sur l’appartenance légale, selon eux, de ces terrains aux Palestiniens.
Ce double standard discriminatoire, prise de parti évidente, soulève de réels doutes quant à la promesse post-électorale du rédacteur en chef du NY Times de “consacrer à nouveau” le journal à rendre compte honnêtement de toutes les opinions et perspectives politiques.
Pour mieux comprendre la nature du conflit israélo-palestinien concernant certaines parties de la Cisjordanie, voyons le cas du bloc d’implantations appelé Gouch Etzion. Cet ensemble de petits villages vit le jour dans une zone longtemps appelée Judée, en raison de son importance dans l’histoire du peuple juif. Ses maisons et fermes furent construites dans la période précédent l’établissement de l’Etat d’Israël, sur des terres achetées par les Juifs dans un territoire administré par la Grande-Bretagne, lequel territoire avait été désigné par la communauté internationale, dans le cadre de la « Société des nations », pour y établir exclusivement le foyer national du peuple juif.
Lors du plan de partage de la Palestine britannique de 1947, les Nations unies décidèrent que villages du Gouch Etzion feraient partie de l’état arabe devant être érigé sur une partie de la Palestine. Mais le monde arabe, y compris les leaders palestiniens, refusa ce plan. L’armée jordanienne attaqua Israël, conquit la zone du Gouch Etzion et en détruisit tous les villages. La Jordanie rapidement annexa les territoires conquis, devenus désignés par le terme de Cisjordanie (ou de Rive Occidentale [du Jourdain] en Anglais). Cette annexion ne fut jamais reconnue par la communauté internationale.
Dix-neuf ans plus tard, Israël repoussa l’attaque jordanienne durant la Guerre des Six-Jours et prit le contrôle de la Cisjordanie. Sous administration israélienne, avec la possibilité pour des Juifs d’habiter à nouveau sur ce territoire, les villages du Gouch Etzion furent reconstruits, bien que cette décision soit à son tour rejetée par la communauté internationale.
Les tentatives pour résoudre à nouveau la question du statut de ces territoires reprit lors du processus de paix d’Oslo dans les années 1990, où les leaders israéliens et palestiniens se mirent d’accord pour une autogestion des Palestiniens sur leurs centres de population en Cisjordanie. Désignés dans le cadre des accords d’Oslo comme la “Zone A” ces territoires sont toujours administrés par l’Autorité palestinienne (AP), et peuvent être à ce titre correctement décrits comme territoire palestinien.
Pendant ce temps, les centres de population israéliens en Cisjordanie, situés dans la “Zone C”, où peu de Palestiniens résident, restent sous administration israélienne complète. L’affectation finale de la Zone C, telle que définie dans les accords d’Oslo, aurait dû, selon ces accords, être décidée durant les négociations sur le statut final qui devaient définir les frontières et le sort des implantations juives. Un plan de paix proposé par le président Bill Clinton incluait l’affectation du Gouch Etzion dans sa totalité à Israël. Un accord informel rédigé par des politiques israéliens et palestiniens prévoyait également que ce bloc serait sous souveraineté israélienne.
Mais, dans leur majorité, les Palestiniens se sont opposés à un accord de paix qui laisserait des implantations sous souveraineté israélienne. De leur côté, une majorité d’Israéliens, y compris une large majorité de partisans de la solution à deux états et la direction du plus grand parti d’opposition de centre-gauche, soutiennent le maintien d’implantation semblables à celles du Gouch Etzion sous souveraineté israélienne.
Il peut donc y avoir de nombreuses réponses à la question de “à qui ces terres appartiennent-elles réellement” ? Mais il est une réponse qu’aucune des parties ne peut raisonnablement repousser : ces terres sont disputées.
Pourtant le New York Times refuse de désigner le Gouch Etzion et d’autres terrains de la Zone C comme “disputés.”
Pourquoi ? En réponse à plusieurs enquêtes de l’organisation CAMERA, dont fait partie l’auteur, le service étranger du journal a déclaré rejeter le qualificatif de “disputé” car les Palestiniens et leurs supporters le rejettent, arguant qu’il s’agit d’un raccourci pour dire “non occupé” (en réalité, les deux qualificatifs ne s’excluent pas mutuellement, on peut considérer la Cisjordanie comme occupée et reconnaître en même temps qu’il y a un réel conflit sur la manière dont ce territoire doit être affecté).
Evidemment, le même raisonnement peut être appliqué dans l’autre sens. Certains Israéliens rejettent le terme “occupé” comme raccourci pour dire “non disputé”. Pourtant le mot est employé systématiquement par le NY Times. Le journal semble n’avoir une sensibilité au sens caché des mots que dans un sens.
Le NY Times est clair concernant son préjugé, il a dit à ses lecteurs pendant des mois, que les terres des implantations sont en fait “territoire palestinien”. En d’autres termes, il n’utilise pas le qualificatif de “disputé”, description objective qui s’applique aux deux camps, parce qu’il reflète ce que les partisans d’un camp considèrent comme partisan pour l’autre camp. Mais ensuite il utilise largement un langage qui est intrinsèquement, incontestablement partisan.
En réaffirmant continuellement que les implantations se font “sur le territoire palestinien”, le NY Times ne joue pas son rôle de journalisme, il prend fait et cause pour une partie au conflit. Il considère les désirs politiques de celle-ci comme une vérité indéniable et rejette ceux de l’autre partie comme erronés, sans tenir compte qu’il y a indéniablement un fait objectif, celui d’une dispute non résolue quant au statut de ces territoires et au tracé de la future frontière.
Israël ne considère pas que les implantations se trouvent sur des terres appartenant au territoire palestinien. Pas plus que ne le font les accords d’Oslo. Pas plus que la résolution 242 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui se trouve au centre de toutes les tentatives d’arriver à la paix depuis 1967. Pas plus que bon nombre d’experts reconnus en droit international, comme Eugene Rostow, doyen de la faculté de droit de Yale et membre éminent du State Department sous la Présidence de Lyndon Johnson.
Il est clair que l’usage d’un langage biaisé qui accepte les affirmations palestiniennes comme des faits avérés et ignore tout argument raisonnable de la partie adverse devrait être évité par un média d’information impartial. Les journalistes ne sont pas juges d’une cour internationale. Ils n’ont pas pour mission de résoudre unilatéralement le conflit israélo-palestinien. Le Washington Post l’a compris : en 2014, ce journal publia un correctif expliquant que « l’un de ses articles parlait de manière incorrecte de l’occupation par Israël de ‘terres palestiniennes’ en Cisjordanie ». Exprimant son adhésion au principe de neutralité, il déclara clairement que « les territoires occupés par Israël sont des terres disputées que les Palestiniens demandent pour leur futur état palestinien ».
A l’opposé, le New York Times, a défendu son usage de mots discriminatoires. Quand il fut challengé par CAMERA, les rédacteurs du journal firent référence à une page web du State Department où le terme “ Territoires palestiniens ” apparait dans un titre tout comme d’autres éléments de langage utilisés par les Nations unies.
Le sous-entendu selon lequel le langage utilisé par le NY Times serait en accord avec la politique officielle des US est totalement tiré par les cheveux. La position américaine de longue date, indépendamment d’un titre sur une page web, est que le statut des territoires et le tracé de la future frontière doivent être décidés par les parties dans le cadre des négociations sur le statut final.
En fait, le Manuel des affaires étrangères du State Department, source qui fait autorité sur la politique étrangère du gouvernement, est tout à fait explicite en la matière : « la politique des USA reconnait … que la Cisjordanie et la Bande de Gaza sont des territoires dont le statut final doit être déterminé par des négociations ». Cette position a été soulignée en 2014 par Martin Indyk, envoyé spécial du State Department pour les négociations israélo–palestiniennes, quand il a reconnu que certaines implantations se trouvent dans des “zones que même certaines cartes palestiniennes dans le passé indiquent comme devant faire partie d’Israël ».
En d’autres termes, le langage du NY Times décrivant les implantations comme situées en « territoire palestinien » diverge complètement de la politique du State Department. Il la contredit directement.
L’ONU, dont les excès concernant Israël ont été condamnés à de nombreuses reprises, ne définit pas non plus le droit international ni n’établit de frontières simplement par l’usage de l’expression « territoires palestiniens ». Même la récente Résolution 2334 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui caractérise certains quartiers israéliens de la Jérusalem d’après 1967 et de la Cisjordanie comme une violation “flagrante” de la loi internationale, ne définit pas la loi internationale car cette résolution fut votée dans le cadre du chapitre 6 de la charte des Nations unies, et non du chapitre 7, ce qui en fait une résolution non contraignante. La récente controverse sur la résolution de l’UNESCO, qui ignore les liens historiques entre les Juifs et Jérusalem, va donner aux journalistes se basant sur le langage de l’ONU un nouveau grain à moudre. Quel rédacteur de journal va affirmer qu’il est correct de parler du lieu le plus saint du judaïsme en le désignant uniquement sous son nom arabe, simplement parce que l’UNESCO l’a fait, à moins qu’il ne soit soûl ? Aucun journal sérieux n’aurait défini le sionisme comme racisme, bien qu’une résolution ignominieuse de l’Assemblée générale des Nations unies, révoquée depuis, ait porté cette accusation.
Il ressort clairement de la manière dont le NY Times couvre d’autres conflits que l’ONU ne détermine pas le choix des mots par ce journal. Un tribunal des Nations unies a tranché en faveur des Philippines contre la Chine sur les Iles Spratly, mais le NY Times continue à les qualifier de « disputées ». De même, l’Assemblée générale a placé le Nagorno-Karabakh en Azerbaïdjan, mais le NY Times continue à l’appeler disputé.
Même dans sa couverture de la Cisjordanie entre 1949 et 1967 où elle était sous occupation jordanienne, le NY Times ignorait régulièrement l’opinion internationale en définissant ce territoire comme faisant partie de la Jordanie. Si sous occupation jordanienne ce territoire était jordanien, mais sous occupation israélienne il est palestinien, alors le principe guidant le journal n’est pas la loi internationale, ni l’opinion du monde, mais quelque chose d’autre.
En bref, la défense par le journal de son usage du langage ne tient pas. Alors pourquoi refuse-t-il d’adopter des termes comme “implantation en Cisjordanie” ou “sur des territoires disputés” ce qui serait impartial et juste ?
Une des raisons pour laquelle les rédacteurs du NY Times continuent à défendre obstinément leur vocabulaire biaisé se trouve dans le dernier éditorial d’Arthur Brisbane. En 2012, après deux ans d’études approfondies du journal, Brisbane conclut que cela provient de la « vision du monde » politique et culturelle que partagent tous les collaborateurs et qui « coule dans les veines irrigant tout le journal ». Cela conduit certains journalistes à traiter certains sujets plus comme des “causes à défendre” que comme des informations à relayer. Brisbane n’a pas nommé spécifiquement le conflit israélo-palestinien comme l’une de ces causes, mais la volonté délibérée du journal à attribuer la souveraineté sur ces territoires aux Palestiniens (ainsi que d’autres exemples de prise de parti partisane) ne laisse aucun doute sur le fait que le journal cherche à se faire l’avocat d’une des parties et non à rendre compte du conflit entre Israël et les Arabes.
Un autre rédacteur du journal, Margaret Sullivan, a aussi utilisé le terme de “vision du monde” du journal, ajoutant que celle-ci est à la base de sa couverture des relations entre Israël et les Palestiniens. Alors que Bannister défendait le travail du journal en général, Sullivan s’est sentie obligé de rappeler que les Palestiniens sont « aussi autre chose que des victimes ».
Des journalistes s’efforçant à l’impartialité ne devraient pas avoir besoin qu’on leur rappelle que les Palestiniens ne sont pas « que des victimes ». Et ils n’auraient pas besoin qu’on leur dise que ce n’est pas à eux de décider de la question non résolue du statut des territoires.
Le NY Times est guidé en partie par une certaine “vision du monde” ou, selon Michael Cieply, qui fut pendant une décennie rédacteur et reporter pour ce journal, un “narratif” auquel tous les reporters sont tenus de se conformer. Dans un article sur la couverture par son ancien employeur des élections de 2016, Cieply cite une dynamique éditoriale dans laquelle des « reporters de talent s’efforcent de faire coïncider leurs articles avec ce qu’ils appellent eux-mêmes le “narratif”. Il nous a été demandé occasionnellement de préparer une trame selon un narratif pour diverses affectations un an à l’avance, faire approuver ce plan par la rédaction puis écrire des articles selon cette ligne éditoriale prédéfinie. »
Un autre ancien journaliste du NY Times, Ari Goldman, a utilisé le mot de “cadre” pour décrire ce phénomène. Il y a quelques années, Goldman, qui enseigne aujourd’hui à l’école de journalisme de l’université de Columbia, a partagé son expérience concernant son reportage sur les émeutes de 1991 à Crown Heights, quartier de Brooklyn, durant lesquelles des émeutiers afro-américains ont attaqué la communauté juive du quartier. Durant ce reportage il a pu voir à l’œuvre les « profondes dérives du journalisme ».
Dans ses articles sur les émeutes envoyés à la rédaction du NY Times, Goldman a décrit la violence anti-juive dont il a été le témoin. Le lendemain matin, il découvrit dans le journal un article qui n’avait plus rien à voir avec celui qu’il avait envoyé. Son compte-rendu avait été tordu en une histoire où Juifs et noirs américains s’attaquaient les uns, les autres à tour de rôle, alors que la violence ne s’était exercée que dans un seul sens, contre les Juifs.
« La rédaction était clairement responsable de cela. Ils avaient décidé d’un cadre dans lequel faire tenir l’histoire, sans tenir compte du fait que le cadre était erroné. »
Vision du monde, narratif, cadre, quelque soit le nom que l’on lui donne, dans le domaine du conflit entre Israël et les Palestiniens, le New York Times clairement cherche à convertir ses lecteurs à l’idée que les Palestiniens ne sont, en fin de compte, « que des victimes ». Et par conséquent, qu’à l’inverse, Israël est, en fin du compte, « juste le bourreau ».
Ce narratif exige que le journal se focalise de manière obsessionnelle sur l’occupation israélienne, les implantations, les idéologues de droite en Israël comme l’explication unique du conflit et en particulier des attaques palestiniennes contre les Juifs. Le rôle dans le conflit des appels à la haine des Palestiniens, de leurs incitations à la violence, de leur rejet de tout état juif, doit toujours être minimisé. Cela exige aussi que le journal rejette toute connexion juive avec quelque partie que ce soit de la Cisjordanie (y inclus Jérusalem).
Après tout, si la totalité des terres de Cisjordanie, si tous les villages sont légalement, moralement, et en fait “terre palestinienne”, aucune concession israélienne aux Palestiniens ne peut être acceptée comme un compromis acceptable. Et tout accommodement palestinien prenant en compte la sécurité d’Israël ou les liens historiques et culturels des Juifs avec ce territoire, serait un cadeau inadmissible. Ce point de vue excuse et même encourage les refus palestiniens de tout compromis.
Par conséquent, les violences exercées par des Palestiniens à l’encontre de civils israéliens sont, selon ce point de vue, motivées par la défense de leurs droits objectifs, et non par leur nationalisme ou leur xénophobie. En résumé, chaque jour sans résolution du conflit est un autre jour de victimisation palestinienne et d’agression israélienne. Quels que soient les faits, le cadre reste intact.
Ceci est, en fait, une manière facile et tendancieuse de comprendre le conflit, entretenue par des pratiques journalistiques non éthiques. Citons Goldman dans ce qu’il dit concernant les émeutes de Crown Heights : « Faire coller des reportages dans un cadre préétabli est une faute et peut même s’avérer dangereux. La vie est plus compliquée que cela. Tout comme le journalisme ».
La conclusion de Goldman s’applique évidemment au conflit israélo-palestinien. La Politique du NY Times de caractériser toute la Cisjordanie comme “territoire palestinien” est factuellement et historiquement erronée. Elle est aussi dangereuse car elle encourage le rejet par les Palestiniens d’un état juif et représente peut-être l’obstacle majeur à la résolution pacifique du conflit.
Arthur Sulzberger, le PDG du NY Times, et Dean Baquet, son rédacteur en chef exécutif, ont proclamé dans une récente “Lettre à nos lecteurs” que « les promesses journalistiques ont été et continueront à être tenues. Nous avons pour objectif de nous consacrer à nouveau à la mission fondamentale du journalisme du NY Times. C’est-à-dire rendre compte du monde et des USA honnêtement, sans peur ni favoritisme, nous efforçant toujours de comprendre et de refléter dans toutes les histoires que nous vous apportons, toutes les perspectives politiques et toutes les expériences de vie. » La lettre assure aussi à ses lecteurs « l’impartialité » et « l’équité » du NY Times.
Ces promesses sont-elles sincères ? Il y a au moins un moyen de le savoir : c’est le cas quand un journal, dans sa couverture du conflit israélo-palestinien, rend compte de « toutes les perspectives politiques », incluant la reconnaissance que dans ce conflit, comme dans bien d’autres, le statut de certains territoires est disputé. Si, au contraire, la rédaction maintient sa politique d’attribuer la totalité de la Cisjordanie comme « territoire palestinien », il n’y a alors aucune raison de croire en sa sincérité ni en son engagement pour un journalisme impartial.
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Auteur : Gilead Ini, Senior research analyst, CAMERA. Adaptation française Norbert Lipszyc.
Publié originellement en janvier 2017 par The Tower Magazine
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Image de couverture : Jason Kuffer / flickr
romeo / 9 février 2017
Les hommes intelligents n’achètent plus les journaux car ils sont tous douteux dans les nouvelles qu’ils rapportent. Se contenter d’informations locales.
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zoro / 9 février 2017
Les hommes intelligens n`achete plus les journaux car ils sont tous douteux dans les nouvelles qu`ils rapportent. Se contenter d`informations locales.
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