L’Agence France-Presse a fini par rapporter – mais du bout des lèvres – les raisons pour lesquelles les Israéliens doutent que l’enfant ait été victime des gaz lacrymogènes. Un succès pour InfoEquitable, à l’origine de cette réaction tardive après avoir alerté sur les déficiences du traitement initial de cette information par l’AFP.
L’affaire du bébé palestinien « gazé » n’est pas passée inaperçue au siège de l’Agence France-Presse à Paris. Selon nos informations, la direction de l’AFP a considéré qu’il était indispensable de réagir à l’article d’InfoEquitable publié le 18 mai dernier. Dans cette enquête, nous démontrions à quel point les bureaux de Gaza et de Jérusalem de l’AFP avaient fait preuve de légèreté en diffusant sans grande précaution ce qui semble bien être le nième « fake » des services de propagande du Hamas : l’histoire peu crédible de Leïla al-Ghandour, un bébé palestinien de 8 mois, qui aurait été présente au milieux des émeutes le long de la frontière et qui serait morte après avoir inhalé les gaz lacrymogènes tirés par les soldats israéliens. A la suite de notre article, l’AFP a donc publié vendredi 18 mai peu après 20 h une nouvelle dépêche reprenant les objections de l’armée israélienne formulées… quatre jours auparavant : « Mort d’un bébé à Gaza: l’armée israélienne conteste la version palestinienne ».
Pourquoi cette dépêche tardive ?
Selon les confidences recueillies au siège de l’AFP, place de la bourse à Paris, la direction de l’agence a pris très au sérieux notre article mettant en cause le manque de rigueur de certains de ses journalistes, notamment le fait que le bureau de Jérusalem ait totalement passé sous silence la version israélienne de la mort de l’enfant. Le site Arrêt sur Images avait quelques heures auparavant fait état d’une « controverse sur une dépêche AFP » survenue après que « le site pro-israélien infoequitable.org » ait « relevé que les raisons de la mort du bébé (avaient été) rapidement remises en cause ».
La rédaction en chef centrale de l’AFP aurait alors exigé du bureau de Jérusalem qu’il rédige une nouvelle dépêche exposant les arguments des Israéliens. Preuve de l’importance que l’affaire a prise au sein de l’AFP : la dépêche est signée des initiales « lal», qui sont celles de Laurent Lozano, le chef du bureau de Jérusalem en personne.
Mais le mal est fait…
Le mardi 15 mai, une vingtaine de grands titres de la presse française avaient repris sur leurs sites l’affaire du bébé palestinien « gazé » par l’armée israélienne. Ces articles qui circulent encore sur le net ont été lus par des millions d’internautes.
Quatre jours après, la mise au point de l’AFP n’a eu guère d’impact. D’autant que cette ultime dépêche faisant état de la version israélienne a été diffusée le vendredi 18 mai au soir, début du long week-end de la Pentecôte, alors que les salles de rédaction étaient désertes. Ajoutez à cela les sentiments et les a priori anti-israéliens cultivés de longue date par une bonne partie de la presse française, résultat : aucun journal francophone (à la notable exception du quotidien libanais L’Orient-Le Jour !) n’a jugé utile de publier sur son site cette version israélienne.
L’AFP fait preuve d’une grande prudence… lorsqu’elle expose le point de vue israélien
Au début de l’affaire, l’Agence France-Presse avait complaisamment relayé – sans véritablement mettre en doute la version du Hamas – la thèse de la mort du bébé asphyxié par les gaz lacrymogène. Mais lorsqu’il s’agit d’exposer la version des Israéliens, l’AFP fait preuve cette fois-ci d’une grande prudence qui confine à la méfiance. Elle met en doute les affirmations du porte-parole de Tsahal qui, se basant sur les « informations d’un médecin palestinien qui connaissait l’enfant et sa famille », affirme que l’enfant serait décédé à la suite de « problème cardiaque ». Ce porte-parole « n’a pas précisé l’identité du médecin, ses liens avec la famille, ni les conditions dans lesquelles l’armée avait recueilli son témoignage », prend soin de relever l’AFP. « Le porte-parole militaire n’a pas précisé comment le médecin pouvait affirmer que c’était bien ce problème cardiaque qui avait provoqué la mort de l’enfant, et non les gaz », surenchérit l’agence de presse française. Dans ses dépêches du 15 mai, l’AFP ne s’embarrassait pas de telles précautions pour rapporter la mort du bébé palestinien « mort après avoir inhalé des gaz lacrymogènes ». Tout au plus l’agence se bornait à préciser la source de l’information – « le ministère de la Santé gazaoui » – sans formuler la moindre réserve sur sa fiabilité.
L’AFP évoque une autopsie… fantômeÂ
Dans cette nouvelle dépêche du 18 mai, l’AFP redonne – et c’est normal – le point de vue des Palestiniens :
Le ministère de la Santé à Gaza, interrogé vendredi, a maintenu que la fille de huit mois était morte à cause des gaz lacrymogènes, tout en ajoutant attendre les résultats du rapport du médecin légiste pour savoir si elle souffrait déjà d’une maladie. (…) « Nous avons conclu que le bébé était mort à cause des gaz israéliens », a répété vendredi Achraf al-Qodra, porte-parole du ministère de la Santé. » Est-ce qu’elle souffrait d’un autre mal? Nous attendons la fin du rapport du médecin légiste, qui pourrait arriver dimanche (20 mai, ndlr) », a-t-il dit à l’AFP.
Curieusement, l’AFP semble accueillir avec une bien plus grande confiance les propos du responsable palestinien que ceux du porte-parole de Tsahal. La dépêche ne pose en tout cas pas la question de savoir ce qui permet à ce Palestinien, alors que les résultats de l’autopsie ne sont pas encore connus, d’affirmer que l’enfant est bien mort à cause des gaz lacrymogènes et non d’une pathologie cardiaque. En ce qui concerne ces résultats d’autopsie, ils n’ont à ce jour, toujours pas été rendus publics… A l’heure où nous écrivons ces lignes – mercredi 23 mai – aucun site d’information palestinien n’en a fait état. InfoEquitable a cherché à se renseigner sur le site de l’agence officielle Wafa, sur celui de l’agence Ma’an… Manifestement, les résultats annoncés pour le dimanche 20 mai par les responsables du ministère de la Santé à Gaza tardent à venir. Nous ne doutons pas que l’Agence France-Presse, une fois ces résultats connus, ne manquera pas d’en informer ses abonnés. De son côté, InfoEquitable continuera son travail de veille médiatique et de vérification des sources journalistiques afin de promouvoir une information de qualité et responsable.
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Réal Bergeron / 24 mai 2018
Je réitère qu’un enfant en santé ne meurt pas d’avoir inhalé du gaz lacrymogène (lacrymal : relatif aux larmes).
Connaissant le modus opérandi des Arabes, je suis en droit de me poser deux questions.
Comment pouvons-nous imaginer qu’on puisse amener un enfant en première ligne dans un tel conflit ?
Ce pourrait-il que cet enfant soit décédé (s’il est vraiment décédé) bien avant la ligne de confrontation ?
L’histoire nous a démontré que les Arabes sont des spécialistes de la mise en scène.
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Berrebi Claude / 27 mai 2018
Les Arabes et les Palestiniens savent que n’importe quelle fausse information va être validée par la presse française et surtout l’AFP. Avez-vous vu les jeunes Turcs à Avignon je crois obliger le kiosque à retirer l’affiche du Point qui montré Erdogan avec le titre « Dictateur » ? La presse libre française n’existe plus !
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