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Le Point : le témoignage incohérent d’un « médecin ciblé par un sniper à Gaza »

Une interview réalisée par le journaliste Armin Arefi dans Le Point fait passer des médecins et secouristes pour des victimes d’exactions israéliennes, en taisant leurs liens avec des organisations qui combattent Israël.

 

Alors que la tension montait à l’approche du 1er anniversaire des « Marches du Retour », ces émeutes contre Israël chapeautées par le Hamas à Gaza, plusieurs médias ont repris l’un des thèmes favoris de la propagande palestinienne : la mise en avant de ceux qu’un reportage controversé d’Envoyé spécial a baptisés les « estropiés de Gaza », blessés aux jambes par des tirs israéliens.

Journaliste au Point, Armin Arefi a participé à cette campagne en réalisant une interview de Tarek Loubani, présenté comme « le premier médecin ciblé par un sniper à Gaza ».

 

 

Il s’avère que le journaliste n’a pas tout dit sur Tarek Loubani et sur son sauveteur.

 

Un passé militant

Comme relevé auparavant par BBC Watch, en plus d’être un médecin, Tarek Loubani « est un activiste politique expérimenté qui a été arrêté près de Jénine en 2003 et expulsé d’Israël en raison de ses activités avec l’International Solidarity Movement (ISM). Loubani a aussi été arrêté en Egypte en 2013 alors qu’il tentait d’entrer dans la bande de Gaza et détenu en 2014 à l’aéroport de Ben Gourion. »

ISM est un réseau d’activistes anti-israéliens. D’après Canary Mission, « ISM déclare qu’il fonctionne “en utilisant l’action directe non violente et d’autres formes de résistance non armée comme méthode pour confronter et défier l’occupation israélienne.” Pourtant en 2002, durant la seconde Intifada, les co-fondateurs d’ISM Arraf et Shapiro ont écrit un article pour le Palestine Chronicle expliquant que l’action directe non violente devait être une tactique supplémentaire menée ensemble avec le terrorisme, et non pas une manière de le remplacer. » Voilà qui n’a rien à voir avec la médecine.

 

Une famille militante

Le site Israellycool a révélé que le père de Tarek Loubani « était un membre du conseil d’administration d’une organisation caritative placée sur la liste des « entités terroristes » par le gouvernement canadien à cause de ses liens supposés avec le Hamas ».

Le fils n’est pas forcément lié aux activités de son père. Mais il n’y a pas que ça…

 

Guérison miraculeuse

Tarek Loubani, nous dit Armin Arefi, « a été visé par un tir de sniper qui lui a traversé les deux genoux ».

L’intéressé a pourtant donné une version quelque peu différente à CBC le 16 mai 2018 (deux jours après les événements supposés avoir occasionné la blessure, le 14 mai). La chaîne canadienne rapportait que « La balle a traversé son mollet gauche et son genou droit et a endommagé des tissus mais aucun os n’a été fracturé ».

Une photo du blessé a été publiée par CBC dès le 15 mai :

 

 

La photo a interpellé les lecteurs du blog Israellycool. On y voit deux pansements légers sur les jambes (plus bas que les genoux). L’homme a gardé ses chaussures immaculées aux pieds. Le genou droit est complètement intact. De toute façon, comment une balle pourrait-elle traverser un genou sans faire de gros dégâts sur les os ?

Tarek Loubani, qui a affirmé à CBC avoir énormément saigné, ne montre sur cette image aucun signe de saignements, pas même d’enflement.

Et surtout, trois jours après les événements (le 17 mai), notre blessé, en pleine forme, donnait une longue interview (vidéo à partir de 16:00) pour raconter ses déboires.

 

 

 

 

Il y expliquait qu’il aurait eu besoin de chirurgie mais que l’hôpital avait préféré le libérer rapidement vu la faible gravité de ses blessures par rapport aux autres personnes à traiter. Mais, prévenait-il, « tout le monde savait que j’aurais des problèmes plus tard. Vous savez, je m’en occuperai à la maison ».

Un an après, Tarek Loubani n’a pas l’air trop souffrant. Il parcourt le monde pour donner des conférences, comme ici en Tunisie début avril 2019 où il a passé une heure debout devant l’auditoire.

 

 

Quand Armin Arefi affirme que Loubani « a été visé par un tir de sniper qui lui a traversé les deux genoux », il pratique la désinformation. Les genoux sont parfaitement intacts sur la photo et on ne ressort pas de l’hôpital au bout de deux jours lorsque l’on a ses genoux perforés par des balles…

 

Manifestants en uniforme 

Armin Arefi reprend le mensonge par omission largement répandu qui veut que, le 14 mai 2018, « 59 manifestants de la « marche du retour » aient été tués par des tirs israéliens ».

Le Hamas lui-même a démontré que la majorité de ces « manifestants » étaient membres de groupes terroristes. 

 

 

L’organisation a annoncé que, ce jour-là, 50 des 62 personnes tuées étaient des miliciens du Hamas.

Quand Tarek Loubani affirme que dix-neuf secouristes ont été pris pour cibles ce jour-là, cela suscite une question : combien avaient une double casquette ?

 

La double casquette du sauveteur de Loubani

L’une des accusations les plus fortes faites contre Israël dans l’article est d’avoir tué « d’une balle dans la poitrine » Musa Abuhassanin, le sauveteur qui se serait porté au secours de Tarek Loubani (« a great guy »« un type formidable », selon Loubani). 

 

 

Mais ce qu’Armin Arefi ne dit pas, c’est que le « secouriste » Musa Abuhassanin était un terroriste du Hamas (là encore, une trouvaille d’Israellycool qui avait enquêté l’année dernière).

Musa Abuhassanin, c’est lui (à droite) :

 

On le voit aussi ici en compagnie de Tarek Loubani et d’autres « secouristes ».

 

Et on le voit aussi… en tenue militaire de Capitaine sur cette photo publiée par le Hamas le montrant avec d’autres hommes de l’organisation islamiste qui ont péri lors des émeutes.

 

 

Le B’nai Brith Canada a aussi retrouvé une photo de la mère de Musa Abuhassanin, ceinte d’une écharpe du Hamas, avec une photo de son fils estampillée du logo de l’organisation.

 

 

En septembre dernier déjà, une plainte a été déposée auprès de la CBC reprochant à la chaîne de ne pas avoir précisé l’appartenance au Hamas de Musa Abuhassanin.

Même si la CBC n’a pas donné suite à la plainte, on ne peut que questionner l’intention d’Armin Arefi en dissimulant l’appartenance du secouriste au Hamas tout en concluant l’article sur sa mort « touché en pleine poitrine par un autre sniper israélien », et en mettant encore la même phrase en exergue au milieu de l’article. Tout cela couplé à l’absence d’information sur les activités politiques de Tarek Loubani…

Cette manière de faire passer des Palestiniens pour des victimes d’exactions israéliennes en taisant complètement leurs liens avec des organisations qui combattent Israël rejoint l’angle adopté par Armin Arefi sur d’autres sujets. Il a par exemple promu dans les colonnes du Point le « droit au retour » dont chacun sait qu’il signifierait la fin d’Israël. Cela ne correspond en revanche pas à l’attitude d’un journaliste soucieux d’informer ses lecteurs de manière impartiale, en leur donnant les clés de compréhension des événements.

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Image : capture d’écran Democracy Now

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