L’enquête de Tsahal contredit la version des Palestiniens complaisamment rapportée par la presse française.
Dans quelles circonstances Ibrahim Abou Thouraya a-t-il été tué, lors d’une violente manifestation à Gaza le 15 décembre dernier ? Trois semaines après la mort du handicapé palestinien, l’enquête préliminaire de Tsahal remet en cause la version fournie aux médias par l’Autorité palestinienne. La police militaire israélienne a été chargée de mener une enquête approfondie.
Lourdement handicapé, amputé des deux jambes, Ibrahim Abou Thouraya ne se déplaçait depuis des années qu’en fauteuil roulant. Présenté comme un simple « militant », il participait régulièrement aux manifestations anti-israéliennes dans la bande de Gaza et était devenu au fil des ans une des personnalités palestiniennes sur les réseaux sociaux arabes.
Selon les Palestiniens, il aurait été « abattu d’une balle dans la tête » tirée par un soldat israélien lors d’une violente manifestation organisée à la frontière entre Gaza et Israël pour protester contre la déclaration de Donald Trump sur Jérusalem.
Le handicapé, dont les photos de la dépouille ont circulé sur Twitter, a immédiatement été honoré en « martyr » de la cause palestinienne.
L’histoire du handicapé sans défense et ne représentant aucun danger, abattu de sang froid par les Israéliens, a été reprise par de nombreux journaux occidentaux et français.
(L’article de L’Express a été partagé par 1.700 internautes, sur le seul site Facebook.)
A aucun moment, dans cet article très complaisant, Le Monde ne met en doute le récit des faits tel qu’il est présenté par la partie palestinienne. Saluant « l’héroïsme » du handicapé, le journal poursuit : « Il ne représentait aucun danger. Il se déplaçait en chaise roulante. Dans la zone tampon accidentée près de la clôture, il avançait sur ses mains. Contre tout instinct d’auto-préservation, vendredi, il voulait jeter des pierres vers les soldats, le drapeau palestinien à la main ».
Après une enquête préliminaire, l’armée israélienne met en doute cette version des faits
Trois semaines plus tard, Tsahal a indiqué qu’au vu des des premiers éléments :
1) Les causes exactes du décès d’Ibrahim Abou Thouraya ne sont pas établies.
2) En revanche, l’armée israélienne est en mesure d’affirmer qu’à aucun moment l’activiste handicapé n’a été la cible de tirs à balles réelles, ce qui dément la version des services de santé palestiniens selon laquelle il aurait été atteint « d’une balle dans la tête ».
3) Le communiqué souligne qu’en dépit de nombreuses demandes – réitérées – à l’Autorité palestinienne et à ses services de santé, aucune réponse n’a été apportée aux questions concernant les blessures d’Ibrahim Abou Thouraya qui ont été présentées par les enquêteurs israéliens. Les Palestiniens ont également refusé toute transmission des résultats de l’autopsie.
4) Pour ne rien laisser dans l’ombre, les Israéliens indiquent qu’il ne leur a pas été possible de déterminer si Ibrahim Abou Thouraya a été atteint de quelque manière que ce soit par les moyens anti-émeutes utilisés pour disperser les manifestants.
5) Les Israéliens rappellent que de nombreux émeutiers étaient en possession d’engins explosifs et de bombes artisanales qui ont été lancés sur les soldats dans le but de les blesser. « Dans la majeure partie des cas, des moyens non-létaux ont été utilisés pour disperser les émeutiers. Quelques tirs à balles réelles ont visé les principaux instigateurs », parfaitement identifiés, précise Tsahal.
En raison de tous ces éléments recueillis, l’armée israélienne a confié la suite des investigations à la police militaire qui sera chargée d’enquêter de manière approfondie sur les circonstances exactes de la mort d’Ibrahim Abou Thouraya. Les enquêtes menées par la police militaire sont considérées comme extrêmement fiables et précises. En aucun cas, elle ne cherche à « couvrir » l’armée. De nombreux soldats israéliens ont eu a répondre de leurs actes devant les tribunaux militaires pour des conduites inappropriées, notamment des tirs injustifiés.
Qui était Ibrahim Abou Thouraya, d’où venaient ses blessures ?Â
L’Agence France-Presse demeure assez imprécise sur la personnalité d’Ibrahim Abou Thouraya et le présente comme un civil innocent.
Reprenant, sans plus de vérifications, les informations données par les Palestiniens, l’AFP attribue son handicap à des blessures infligées – déjà – par les Israéliens.
Dans sa dépêche du 4 janvier, l’AFP indique :
 Il avait perdu ses deux jambes lors d’une attaque israélienne sur la bande de Gaza en 2008.
Le 15 décembre, le jour de sa mort, l’AFP avait déjà donné ces précisions.
Célibataire et sans travail, il vivait dans la maison de ses parents depuis qu’il avait perdu ses jambes lors d’une incursion militaire israélienne près du camps de réfugiés d’Al-Bureij dans le centre de la bande de Gaza en avril 2008.
« Il avait été blessé par les tirs d’un hélicoptère israélien (…) après avoir fait tomber un drapeau israélien et hissé un drapeau palestinien le long de la frontière », a expliqué à l’AFP son frère Samir.
Mais cette belle histoire du civil héroïque grièvement blessé par les soldats ennemis pour les avoir défiés avec pour seule arme un drapeau est démentie par les antécédents de Ibrahim Abou Thouraya.
InfoEquitable a retrouvé cet article du journal anglais The Independant, daté du… 15 juillet 2005 !
Un passage évoque les combats inter-palestiniens lors de la prise du pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza.
Il concerne Ibrahim Abou Thouraya :
Mais Ibrahim Abu Thuraya, un membre du groupe de sécurité présidentiel palestinien Force 17, qui a reçu trois fois des tirs dans la jambe, a dit : « Les factions n’auraient pas du tirer sur les Israéliens. Et nous ne devrions pas nous tirer dessus les uns sur les autres. »
Ibrahim Abou Thouraya n’était pas un simple manifestant, mais un activiste palestinien membre du groupe d’élite Force 17, chargé de la sécurité du président palestinien Mahmoud Abbas.
Il avait en outre déjà été blessé aux jambes par des tirs d’arme automatique, lors des affrontements avec le Hamas.
Deux journalistes anglais ont publié ce livre d’enquête sur le Hamas, en mai 2010 chez Polity Press :
Au chapitre 11, ils racontent leur rencontre avec Abou Thouraya, dans les années 2005, lors de laquelle ils le décrivent comme « grimaçant de douleur en raison des blessures par balles infligées à ses jambes »…
Dans quelles conditions l’activiste palestinien a-t-il ensuite été amputé ? On l’ignore. Est-ce en raison de nouvelles blessures ou des séquelles mal soignées de celles – très graves – qu’il avait subies en 2005 ? Il n’est pas possible de le savoir.
Mais une chose est sûre : les éléments occultés de la personnalité et de la carrière de Ibrahim Abou Thouraya rendent fort peu crédible le récit recueilli complaisamment par l’AFP auprès des proches de l’activiste palestinien et diffusé à l’ensemble de la presse francophone.
Il faut d’ailleurs relire avec attention le récit peu compréhensible de Samir, le frère d’Ibrahim, qui a en tout cas été rapporté de manière fort peu cohérente : Ibrahim Abu Tourayah aurait été atteint « par les tirs d’un hélicoptère israélien » « près du camp de réfugiés d’Al-Bureij dans le centre de la bande de Gaza » mais « après avoir fait tomber un drapeau israélien et hissé un drapeau palestinien le long de la frontière »…
La scène, telle qu’on essaye de la reconstituer, est tout simplement invraisemblable. On a quelque difficulté à concevoir qu’un hélicoptère israélien prenne en chasse un manifestant palestinien pour une histoire de drapeaux et ne lui tire dessus qu’une fois à  Al-Bureij, distant de plus d’un kilomètre de la frontière.
On imagine mal, en outre, un membre de la Force 17, unité d’élite des combattants palestiniens, rompu au combat des armes dont il connait le danger, se livrer tel un manifestant inconscient à une provocation aussi vaine.
L’Agence France-Presse a en tout cas passé sous silence le CV du militant palestinien
Une chose est sûre : l‘AFP n’a pas jugé utile de préciser le profil d’Ibrahim Abou Thouraya et ses antécédents au sein des forces palestiniennes.
L’agence française s’est contentée de le présenter comme un simple habitant d’un « camp de réfugiés », de surcroit « handicapé ».
De plus, elle a passé sous silence, dans sa dépêche du 4 janvier, le point le plus important de l’enquête préliminaire de Tsahal, à savoir que Ibrahim Abou Thouraya n’aurait pas été la cible de tirs à balles réelles.
La dépêche se borne en effet à mentionner les termes les plus généraux du communiqué de Tsahal (« aucune faute morale ou professionnelle n’a été identifiée », « l’armée a fait preuve de retenue dans l’usage de la force »…).
Manifestement, l’AFP a tronqué le communiqué de l’armée israélienne, en contradiction avec toutes les règles du journalisme.
Pour quelle raison l’AFP a-t-elle omis un élément aussi fondamental ? Cette omission donne au communiqué de Tsahal un caractère lénifiant et semble traduire une volonté d’accréditer coûte que coûte la version palestinienne.
Conclusion
L’affaire Ibrahim Abou Thouraya est-elle la nième tentative de manipulation des médias occidentaux par les services de propagande palestiniens ? Les circonstances de sa mort demeurent en tout cas obscures. Force est de constater qu’une fois de plus, les grands médias français ont fait preuve d’une grande complaisance dans le compte rendu des événements, ou tout au moins d’un manque évident de vigilance, privilégiant le récit des Palestiniens sans se donner la peine d’en relever toutes les incohérences.Â
Cette thématique mensongère des civils sans défense abattus par l’armée israélienne est depuis des années l’un des classique de la propagande palestinienne. InfoEquitable a publié en septembre 2016 un article consacré à ce sujet.
InfoEquitable suivra avec attention tous les développements de cette affaire afin d’en informer ses lecteurs.
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Image : capture d’écran YouTube – RT
Réal Bergeron / 15 janvier 2018
Un copier-coller de la saga Al-Dura.
Les arabes l’ont aimée cette saga.
Cette fois-ci, Enderlin n’en est pas le maître d’oeuvre.
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