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Observateurs de France 24: un décryptage rate sa cible

La rubrique de décryptage de France 24 a correctement fait remarquer qu’une photo de Gaza « partagée près de 40 000 fois sur Facebook depuis le 5 mai » était vieille de plus de 10 ans. Mais les Observateurs se sont arrêtés avant que le décryptage ne prenne tout son intérêt : au moins autant que la datation de la photo, c’est sa sortie du contexte qui pose problème.

 

Les Observateurs de France 24, qui se donnent pour devise « filmer, témoigner, vérifier », ont déniché une photo de Gaza qui circule sur les réseaux sociaux. Publiée le dimanche 5 mai sur Facebook, lors des derniers affrontements d’ampleur entre les groupes islamistes de Gaza et Israël, la photo semblait faire référence à ces événements. Les Observateurs ont démontré, avec justesse, qu’elle était en réalité bien plus ancienne puisqu’elle avait été prise en 2007.

 

 

Bien. Mais était-ce là vraiment l’essentiel de ce qu’il y avait à décrypter ?

Sous le post Facebook des Observateurs, les commentaires ne sont guère touchés par le décryptage :

 

 

On imagine qu’une partie de ces commentateurs risquent de ne pas être très sensibles aux arguments rationnels. Mais pour les autres, complétons ce décryptage qui passe à côté de l’essentiel.

 

Que s’est-il passé en mai 2007, quand la photo a été prise ?

A cette époque, un mois avant de prendre par la force le contrôle de la bande de Gaza qu’il n’a jamais abandonné depuis, le Hamas tirait des roquettes sur les civils israéliens de la ville voisine de Sdérot.

Deux habitants avaient par exemple été blessés par un tir sur cette maison :

 

Israelis stand at the scene of a rocket attack in the southern Israeli town of Sderot May 15, 2007. A rocket fired by Palestinian militants in the Gaza Strip hit a house in Sderot on Tuesday causing at least two injuries, Israeli emergency services said.
REUTERS/Amir Cohen (ISRAEL)

 

Israël riposta en ciblant des objectifs militaires du Hamas.

Un photographe de l’Agence France-Presse, Mahmud Hams, immortalisa l’une de ces représailles le 25 mai, ce qui donna cette photo qui lui valut de recevoir le prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre.

Les Observateurs précisent que la photo du missile en vol « représente une prouesse technique que certains commentaires jugent irréalisable, suspectant la photo d’être « truquée ». » Difficile à juger, mais la situation de guerre de ce jour là est avérée et la photo émane de l’AFP.

A l’époque, Rue 89 a couvert le prix en précisant que la photo montrait « de jeunes Palestiniens courant se mettre à l’abri lors d’un raid aérien de l’armée israélienne, visant le quartier général du Hamas dans le camp de réfugiés de Nusseirat, dans la bande de Gaza. »

Contrairement à l’impression laissée par la photo, où le missile semble sur le point de s’abattre sur la foule, Israël visait donc une cible militaire appartenant au Hamas, lequel était responsable des attaques sur les civils israéliens.

Cela invalide aussi la légende apposée sur la photo lors de son recyclage dans le post de ce mois-ci : « Une photo qui en dit long. Un missile israélien de 100,000 dollars, lancé par un avion de 20 millions de dollars qui vole à un coût de 6000 $ / heure pour tuer des gens qui vivent avec moins de 1 $ par jour dans la bande de Gaza… ».

Déjà, les chiffres sont très approximatifs : le salaire moyen à Gaza, certes faible, est par exemple bien supérieur à 1 $ par jour (et serait plus élevé encore si le Hamas investissait ses revenus autrement que dans des armements destinés à nuire à Israël).

Mais surtout, si les Observateurs étaient allés au bout de leur mission, ils auraient pu observer que le missile israélien n’avait pas pour vocation de « tuer des pauvres gens ».

Et ils n’auraient pas parlé de photo virale d’un « bombardement de Gaza » alors qu’Israël exerçait des représailles précises et ciblées sur les responsables militaires qui, eux, bombardaient les maisons des habitants d’Israël (c’est par ailleurs ce niveau de précision qui nécessite justement des armes sophistiquées, avions et autres, qui coûtent cher).

Quelle que soit l’année, voilà qui donne une tout autre signification à cette photo.

 

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