AccueilRessourcesEclairagesPrintemps féminin

Indigné par les faits et gestes du président américain nouvellement élu, le peuple s’est mobilisé comme une seule femme. Une masse compacte de contestataires estimée entre 700,000 et un million a défilé à Washington DC le 21 janvier 2017 et encore un million en sister marches* [marche des sœurs] de par le monde, les femmes coiffées de pussyhat, des bonnets roses tricotés main, aux oreilles dressées en malentendu. Car le terme pussy / chatte n’a rien à voir avec les oreilles pointues du félin. Il s’agit bien entendu des poils. Est-ce par pudeur que la réalité anatomique est traduite en symbole Disney ?

 

Marée de « pussyhats » lors de la Women’s March à Washington

 

Les médias du monde entier, enthousiasmés par le message et par l’ampleur du mouvement, l’ont inscrit dans l’histoire contemporaine tel qu’il se présente, au nom de la dignité de la femme. Les bons ont dit leur fait au Mauvais ! Ce n’était pas la peine de tenir compte après coup des informations troublantes sur l’une des co-organisatrices, Linda Sarsour, américaine d’origine palestinienne, née à Brooklyn, reconnue par les uns comme championne des droits civiques, récusée par d’autres pour ses liens avec le Hamas. Défenseur décomplexé de la shariah, Sarsour milite comme Directrice de l’antenne new-yorkaise de l’Arab American Association créée dans la foulée des attentats du 11 septembre pour protéger les musulmans contre la riposte attendue. Parmi ses missions accomplies : le blocage du programme de surveillance des mosquées new-yorkaises et l’instauration des jours fériés dans les écoles publiques de la ville pour l’Eid al-Fitr et l’Eid al-Adha. La Sarsour toute fière en hijab tweete une offre alléchante :

 

 

« Tu sauras que c’est la shariah quand tu ne paies plus d’intérêts sur tes crédits. Chouette, n’est-ce pas? »

Pas la peine d’évoquer le reste : les mains du voleur coupées, la femme adultère lapidée, l’apostat mis à mort et autres sauvageries. Un jeune public américain séduit par ce shariah bargain bancaire ne regardera pas plus loin. Tout comme les courageux défenseurs des droits des femmes en t-shirt frappé du slogan: Free birth control Free Palestine [Contraception gratis Palestine libre]. Les arrière-grand-mères de ces jeunes Américaines avaient déjà accès à la contraception, quoique payante et réservée aux femmes mariées, à une époque où la Palestine désignait le pays des Juifs.

Sarsour est pro-BDS et antisioniste : « Rien n’est plus craignos que le sionisme. »

 

 

Elle soutient Black Lives Matter : My hijab is my hoodie [le hijab est ma capuche]. Elle est copain-copine avec tout ce qui compte comme association frontiste des Frères musulmans. Nommée en 2011 Champion of Change par l’administration Obama, elle a visité la Maison-Blanche à sept reprises. Invité à défendre Sarsour, Van Jones de CNN International a balayé sans les citer les doutes sur sa crédibilité féministe, relayés selon lui par « la presse de caniveau d’extrême droite ». Linda est une sœur, dit Jones, une militante merveilleuse, et ceux qui tentent de la démolir sont des affreux bigots [= racistes]. Ne t’inquiète pas, ma sœur, la rassure-t-il, we have your back [on te protège]. La présentatrice opine de la tête. Affaire classée sans suite.

 

 

Voici le style Sarsour appliqué à deux femmes qu’elle déteste :

 

Source: YouTube – Fox News d’après un tweet de @sarsour le 8 mars 2011, effacé depuis

 

« BrigitteGabriel = Ayaan Hirsi Alli. Elle cherche des coup$ de fouet au cul. J’aimerais pouvoir leur arracher le vagin – elles ne méritent pas d’être des femmes. »

 

À vulgarité, vulgarité et demi

C’est donc Donald Trump qui manque de respect pour la femme ? D’abord en parlant grossièrement des parties intimes qu’il peut saisir à son gré puis, lors d’un débat, en traitant sa concurrente Hillary Clinton de « nasty woman » [une méchante]. Une talk poet  [slammeuse] de 19 ans, Nina Donovan, lui rend le compliment multiplié par 10, s’assurant dans la foulée d’une célébrité inouïe quand l’actrice Ashley Judd met en spectacle son poème Nasty Woman devant des millions de personnes le 21 janvier. Reprenant les faux accents noirs adoptés par Donovan, Judd déverse un flot de grossièretés que l’on ne répétera pas ici. En résumé, c’est un étalage en langage cru du corps de la femme, ses fonctions et ses sécrétions intimes, rehaussé des plaintes et des revendications, trempé dans la haine de Donald Trump et par extension de tous ces hommes testosteronés. C’est du pur trash et la foule adore. Si le black talk s’explique par un goût pour le cool, que dire de la photo d’Ashley Judd, doigt pointé en signe du tawhid, l’allégeance à l’Allah unique ? Ça aussi, c’est cool de nos jours. Comme le keffieh taille unique des contestataires.

 

Ashley Judd lors de la Women’s March de Washington; Linda Sarsour; et les jihadistes de l’Etat islamique.

 

Le printemps féminin

Michael Moore a tonné : « Nous sommes la majorité. » Que pèse le vote démocratique, que valent des élections respectueuses de la loi inscrite dans la Constitution des Etats-Unis ? On est nombreux dans la rue, on crie fort, les médias nous admirent, on est la majorité. D’où viennent ces mœurs et ces pratiques ?

La marche des femmes, tout comme les printemps arabes, avance sous les couleurs de la génération Facebook-Twitter. Bien que, depuis que Daesh étale sa sauvagerie par les mêmes canaux, ils ont perdu un brin de leur modernité. La page d’accueil de la marche se lit comme l’organigramme d’une multinationale. Pas de militantes tatouées grunge aux dreadlocks et piercing. Des jeunes femmes de belle allure, dynamiques, diplômées, douées et diverses. Elles pratiquent des métiers high-tech. Rien qui puisse suggérer une quelconque volonté subversive, destructrice. On est dans le domaine de la libre expression, la défense des droits civiques, la noble cause. Ce n’est pas le hijab très strict de Linda Sarsour qui persuaderait les croyants du contraire.

Et pourtant cette rue féminine, cette masse compacte à majorité jeune et féminine, ces femmes coiffées d’un bonnet rose comme un mot d’ordre et qui ne voient pas ce qui cloche sur un t-shirt « Free Birth Control Free Palestine » nous rappellent que derrière le printemps arabe se cachaient les Frères musulmans et que la chute des dictatures a ouvert la voie à l’imposition de la shariah. Elle le dit, Linda Sarsour, sans honte : « Je suis pour la shariah ». Le printemps arabe n’était pas l’avènement de la démocratie, c’était une poussée de jihad. Caché derrière le besoin désespéré de liberté ressenti par une petite minorité, le mouvement de masse a été manipulé par les Frères musulmans. C’est cela, le jihad : l’islamisation par tous les moyens, le refus de l’état de droit, la loi de la masse compacte. La loi de ceux qui s’imposent sans concession.

 

Le jihad ne se résume pas à des attentats spectaculaires

Quels que soient les malheurs provoqués par ces actes barbares ponctuels, ils ne peuvent pas mobiliser les citoyens de manière durable parce qu’ils sembleraient toujours mineurs par rapport à nos capacités militaires. On ne peut pas convaincre des peuples dont le quotidien est quasiment normal que « nous sommes en guerre ». Déjà, au lendemain des attentats de septembre 2001, un souci exagéré pour le bien-être des musulmans s’installe alors que l’on vient de nous attaquer en leur nom. Loin d’imposer une punition collective, nos sociétés ont adopté une mansuétude perverse. Le bouclier « pas d’amalgame » est dressé pour protéger les musulmans d’une terrible violence… imaginaire. C’est la dhimmitude : l’islam me frappe, je courbe l’échine et me garde à tout prix de désigner le coupable.

C’est dans ce sens que l’on comprendra le rôle de Linda Sarsour dans un vaste mouvement sous la bannière des droits de la femme. Ce n’est pas anecdotique. Elle n’est qu’une des co-organisatrices mais le mouvement marche à son rythme. « Si tu milites dans un mouvement qui n’est pas dirigé par une bronzée [brown woman], déclare-t-elle, tu te trompes de mouvement. » Ainsi une population féminine qui jouit d’un maximum de droits est mobilisée pour prêter main forte à un panier de causes qui annulent ces droits, le tout assaisonné à la shariah. Les forces d’islamisation aux Etats-Unis s’habillent sans pudeur aux couleurs des droits civiques. Y compris les droits « civiques » des non-citoyens : No Borders No Walls ** [pas de frontières, pas de murs], the undocumented immigrant is my friend [l’immigrant sans papiers est mon ami…]. Les affiches We the People, dont le portrait d’une femme couverte d’un hijab coupé dans le drapeau américain, détournent en hymne à la diversité les premiers mots de la Constitution. Des femmes multicolores et multiculturelles remplacent les hommes blancs fondateurs.

 

Les affiches We the People détournent les premiers mots de la Constitution / source : Flickr – Marion Klein

 

On dira, « c’est marginal ». Le mélange shariah, droit à l’avortement, Palestine et pussyhat n’est rien d’autre que la recette bigarrée de grandes manifestations. Comme on a dit en octobre 2000 quand la foule hurlait « Mort aux juifs » place de la République. Le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), pour n’en citer qu’un, a justifié par de petits calculs son maintien dans la manifestation malgré ces cris génocidaires : c’est une petite minorité au sein d’une foule immense réunie pour défendre la cause palestinienne. Aujourd’hui le MRAP s’associe au Collectif Contre l’Islamophobie en France (CCIF) dans un procès en islamophobie intenté contre l’historien de la Shoah Georges Bensoussan. Les cris « marginaux » ont été suivis par des milliers d’agressions contre des Juifs en France et le meurtre de Sébastien Selam, Ilan Halimi, les enfants Sandler, Myriam Monsonego et les quatre victimes abattues à l’Hyper Cacher en janvier 2015.

 

Donald Trump génocidaire ?

Quelle que soit la logique de l’interdiction temporaire d’immigration en provenance de sept pays musulmans voulue par le Président Trump, on ne peut pas nier qu’il a un mandat pour le faire. Qu’il s’agisse du Muslim ban promis pendant la campagne ou bien de l’amélioration du système de vetting [vérification] dans l’intérêt de la sécurité nationale évoqué aujourd’hui, ce n’est pas un massacre. Le président américain n’a pas décrété l’extermination des ressortissants des pays concernés. On se fatiguera à citer des interdictions multiples et variées imposées par des pays arabo-musulmans, à rappeler la fermeture des frontières en temps de guerre, à préciser la différence entre un blocage ponctuel de voyageurs libres et le refus généralisé d’accueillir des Juifs fuyant l’extermination… rien ne pourra éteindre l’incendie.

Ce qui frappe c’est le niveau exagéré d’indignation. D’abord la marche des femmes, puis la foule qui se précipite aux aéroports pour contester à son corps défendant le travel ban, ensuite les juges qui le renversent, les Etats qui l’un après l’autre interviennent pour le bloquer, les sociétés high-tech qui hurlent dans les vastes étendues de cyberspace qu’on les tue… comme s’il n’y avait rien de plus grave au monde que d’entraver le déplacement des musulmans. De là à réagir comme si le président avait démarré un génocide contre l’Autre… Et les contestataires de redoubler d’amour pour les victimes innocentes du massacre programmé.

Alors que le vrai problème c’est la haine de l’Autre véhiculée par des individus susceptibles de faire partie de cette immigration et présente parmi certains déjà installés voire nés dans le pays. Comment la cerner, la cibler, la bloquer, la contrer quand cette haine trône sur l’estrade à la Marche des femmes, plaque la shariah sur tout désir d’émancipation, se poste à chaque coin de la cause du peuple et comme par hasard ne connaît rien de plus craignos que le sionisme ?

 

SOURCES

* « sister marches » N.B. la section féminine du Muslim Brotherhood (Frères musulmans) est le Sisterhood.

** No borders = l’oumma

  • Poller, Nidra. Al Dura: Long Range Ballistic Myth. Voir le chapitre « Lethal Narratives » pour une explication de la stratégie d’islamisation à travers les mouvements pour les droits civiques aux Etats-Unis.

Les informations sur Linda Sarsour sont recoupées de multiples sources, dont :

Articles soutenant Linda Sarsour :

Profil de Linda Sarsour publié sur le site de la Women’s March :

« Linda Sarsour is an award-winning, Brooklyn-born Palestinian-American-Muslim racial justice and civil rights activist, community organizer, social media maverick, and mother of three. Linda has been at the forefront of major social justice campaigns both locally in New York City and nationally. She led the successful, progressive coalition to close New York public schools for the observance of two of Islam’s most important holy days, Eid al-Fitr and Eid al-Adha. In 2015, Linda was one of three women co-chairs of the March2Justice, an effort advised and chaired by legendary artist and activist Belafonte, leading almost 100 marchers through 5 states and 250 miles from Staten Island, NY to Washington, DC. Linda was invited to deliver an address before 700,000 people at the 20th Anniversary of the Million Man March, and gained international media coverage. Linda is the Executive Director of the Arab American Association of New York, co-founder of Muslims for Ferguson, and a member of Justice League NYC. She is most notably recognized for her focus on intersectional movement building. »

Extraits du Mission statement de la Women’s March :

« The rhetoric of the past election cycle has insulted, demonized, and threatened many of us—women, immigrants of all statuses, those with diverse religious faiths particularly Muslim, people who identify as LGBTQIA, Native and Indigenous people, Black and Brown people, people with disabilities, the economically impoverished and survivors of sexual assault.

In the spirit of democracy and honoring the champions of human rights, dignity, and justice who have come before us, we join in diversity to show our presence in numbers too great to ignore.

We work peacefully while recognizing there is no true peace without justice [slogan des mouvements palestiniens] and equity for all. »

Linda Sarsour interviewée par la chaîne musulmane Deen TV :

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Auteur : © Nidra Poller pour InfoEquitable. Si vous souhaitez reproduire cet article, merci de demander ici une autorisation écrite préalable.

Image de couverture : Flickr

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