Une infographie suggère faussement que les Palestiniens seraient privés de la mer – et en quelque sorte de la liberté, confisquée par Israël – si le plan américain devait être réalisé.
Le Monde n’est pas d’accord avec le plan de paix de Donald Trump. Soit.
On peut trouver des arguments parfaitement rationnels et objectifs en faveur ou en défaveur de cette proposition.
Une autre option consiste à faire fi de la réalité, quitte à la rendre éventuellement méconnaissable, afin qu’elle reste compatible avec le message certainement teinté d’idéologie que l’on souhaite diffuser. C’est ce qu’a fait Le Monde, sous couvert d’une illustration aux allures érudites réalisée par son service Infographie-cartographie.
En page 5 de l’édition imprimée du 1er février, le quotidien a publié une grande représentation de L’« Etat » palestinien selon le plan Trump – les guillemets annonçant un positionnement bien évidemment critique sur la question.
La carte principale reflète la proposition américaine, accompagnée des commentaires du Monde. Le scepticisme se lit avec le sous-titre « une partition du territoire très favorable à Israël » tandis que l’on note quelques approximations, comme dans la vignette de droite représentant la situation actuelle hérite des accords d’Oslo qui laisse entendre que les implantations (« colonies » selon Le Monde) israéliennes constitueraient une zone grignotée sur la Cisjordanie en plus des trois zones A, B et C, alors que la totalité de ces localités est située en zone C, celle où l’aménagement du territoire a été confié à Israël jusqu’à nouvel ordre en vertu des accords d’Oslo.
En bas de la page, on sort du domaine d’une information certes interprétée avec plus ou moins de bonheur mais basée sur un fonds véridique pour entrer dans le monde de la fiction.
L’infographie qui tient lieu de grille de lecture est un véritable travestissement de la vision présentée par la Maison-Blanche.
A gauche, parasols et transats sur la plage, et ce petit bijou de mensonge :
« Accès à la mer seulement pour l’Etat israélien ».
Le message est clair : les Israéliens volent le bonheur des Palestiniens.
Les cartographes du Monde, experts et pour certains docteurs en géopolitique, ne peuvent ignorer qu’il existe un territoire nommé Bande de Gaza. On le voit d’ailleurs sur la grande carte du dessus, en violet, c’est-à -dire partie intégrante de l’Etat palestinien selon le plan de Trump (comme l’indique la légende de la carte).
Et les plages, Gaza n’en manque pas.
Le plan américain prévoit d’ailleurs un tunnel Gaza-Cisjordanie, visible sur la carte principale, qui permettrait justement aussi aux Palestiniens de Cisjordanie d’accéder aux plaisirs balnéaires à Gaza.
Le reste du dessin est de la même veine. On y voit deux tranches de « confettis » de Palestine emmurés, étouffés par un Israël dont le territoire unifié envisagé par le plan Trump est artificiellement scindé en trois par Le Monde : Israël (sous-entendu le territoire actuel), une « colonie annexée » et une « enclave israélienne » tout à droite qui est entièrement fausse, puisqu’il s’agit de la vallée du Jourdain qui selon le plan serait contigüe au reste du territoire israélien.
Et pour bien souligner que les Palestiniens sont condamnés à un éternel statut de victime, toujours le même vocabulaire – mur de séparation, route emmurée, checkpoint… jeté à la louche dans un croquis imaginaire et sans jamais préciser que c’est le terrorisme palestinien qui a amené les Israéliens à se protéger ces 20 dernières années.
Alors que de nombreux pays arabes montrent une certaine ouverture vis-à -vis de la proposition américaine (les ambassadeurs de Bahreïn, d’Oman et des Emirats arabes unis étaient présents à Washington, l’Arabie saoudite n’y est pas hostile, et dans le même temps le Soudan s’apprête à rétablir ses relations avec l’Etat juif), Le Monde semble vouloir rester arc-bouté sur ses schémas de pensée qui veulent que les Palestiniens soient les éternelles victimes d’un Israël diabolisé – quitte à tomber en pleine fiction.
Même en usant de tels subterfuges, Le Monde n’arrêtera pas la marche du monde.
InfoEquitable a contacté le journal pour demander que l’absence de la bande de Gaza sur l’infographie et la mention de l’accès à la mer réservé à l’Etat israélien fassent l’objet d’un erratum dans les colonnes du journal. Nos lecteurs peuvent appuyer cette demande en écrivant eux aussi au médiateur de la rédaction.
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Auteur : InfoEquitable. Si vous souhaitez reproduire cet article, merci de demander ici une autorisation écrite préalable.
thierry / 6 février 2020
La question parfaitement neutre qu’on se pose quelque soit sa position sur le conflit ou le plan de paix est pourquoi la Palestine (de Cisjordanie) aurait droit à un accès a la mer alors que sa situation géographique l’interdit ? De nombreux pays (par exemple en Europe la Suisse , l’Autriche la Hongrie etc idem en afrique ou en Amérique latine ) n’ont pas accès à la mer par leur position géographique mais on n’impose pas à ses voisins un corridor pour y accéder .Y a t il une obligation juridique qui impose a Israel de laisser traverser son territoire pour que les palestiniens est accès à la mer ? Y a t il un droit spécifique pour les palestiniens ou une décision de l’ONU ou autre qui l’y obligee ?
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Soliloque / 9 février 2020
Très juste. Rien n’oblige Israël à un accès à la mer pour construire l’Etat palestinien. Après tout, ce sont les arabes qui ont voulu prendre Israël en tenailles pour le grignoter et le faire disparaitre. Qu’ils n’aillent pas se plaindre que leur futur État soit morcelé
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ulysse75010 / 3 mars 2020
Saleté de France, qui prive l’Etat Suisse d’accès à la mer
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