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Une découverte archéologique faussement située en Cisjordanie

Parmi les objets découverts figurent de précieux fragments de parchemin biblique.

 

La presse a largement fait état d’une importante découverte réalisée dans le désert de Judée : des fragments de parchemin vieux de deux millénaires et contenant des passages de la Bible – un précieux vestige de l’histoire juive et de celle de la civilisation judéo-chrétienne.

 

Des sections du rouleau du Livre des douze prophètes mineurs découvertes dans l’expédition du désert de Judée avant leur conservation. Copyright: Shai Halevi, Israel Antiquities Authority.

 

Un certain nombre de médias ont annoncé que la découverte avait été faite dans une grotte située en Cisjordanie.

Il n’en est rien. Située à quelques kilomètres de Ein Gedi, près de la mer Morte, la « Caverne des Horreurs Â» où a été trouvé ce vestige se trouve en territoire internationalement reconnu d’Israël Ã  plus de deux kilomètres à vol d’oiseau de la ligne verte, la ligne d’armistice de 1949 qui depuis 1967 sépare Israël de la Cisjordanie.

 

 

L’origine de la confusion pourrait provenir de la manière dont Israël a communiqué sur la découverte. En effet, l’Autorité israélienne des antiquités (IAA) a dévoilé cette trouvaille dans un communiqué autour d’une campagne de fouilles qu’elle a menée sur différents sites, afin dit-elle de prévenir le pillage de ces sites situés dans le désert de Judée.

Or, le désert de Judée, qui forme depuis l’antiquité un ensemble culturel, est aujourd’hui traversé par la ligne verte. La campagne a donc été menée de part et d’autre de cette ligne.

C’est ainsi que d’autres découvertes annoncées dans le même communiqué par l’IAA ont bien été retrouvées dans les territoires aujourd’hui disputés de Cisjordanie. Un panier datant de plus de 10.000 ans a par exemple été trouvé dans la grotte de Muraba’at. Surplombant lui aussi la mer Morte, ce site est situé plus au nord, dans l’actuelle Cisjordanie (il est cependant important de noter, dans ce contexte, qu’il se trouve dans une partie inhabitée de la zone C, dont les accords d’Oslo ont confié jusqu’à nouvel ordre l’administration à Israël ; d’où la possibilité pour les autorités israéliennes d’y mener des fouilles).

 

 

L’Agence France-Presse (AFP), par qui l’annonce de cette découverte est arrivée dans la presse francophone, a choisi de centrer le titre de sa dépêche autour de la découverte du manuscrit biblique.

 

 

Après le titre parfaitement factuel, l’introduction de l’article s’en tient à l’appellation historique de cette terre – le désert de Judée : « Israël a dévoilé mardi des fragments d’un parchemin biblique vieux de 2.000 ans découverts dans le désert de Judée Â».

Pourtant, la politique contemporaine débarque au niveau de la conclusion « Les découvertes archéologiques font l’objet de querelles entre Palestiniens et Israéliens, ces derniers étant parfois accusés de vouloir justifier des revendications territoriales en Cisjordanie. Contactées par l’AFP, les autorités palestiniennes chargées des antiquités n’ont pas souhaité commenter dans l’immédiat ces découvertes en Cisjordanie. »

En se refermant sur « ces découvertes en Cisjordanie Â», la dépêche de l’AFP laisse entendre que l’ensemble des découvertes, y compris le parchemin, a eu lieu sur le territoire de la Cisjordanie – qu’elle décrit un peu plus haut dans l’article comme « territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 Â» (une terminologie fréquemment employée par l’AFP, bien que jamais aucune administration palestinienne n’ait existé jusqu’à présent sur ce territoire autrefois sous dominations jordanienne, britannique, ottomane…).

Se basant sur la dépêche de l’AFP, d’autres médias sont allés plus loin dans la confusion.

C’est ainsi que, dans Le Figaro, l’ensemble des découvertes est explicitement attribué à une seule grotte en Cisjordanie : « Ces fragments ont été retrouvés dans une grotte de Cisjordanie, qui contenait un panier vieux de 10 000 ans et un squelette d’enfant momifié. Â»

 

 

Et de préciser : « Ces fragments ont été retrouvés dans une caverne à flanc de falaise dans la réserve naturelle de Nahal Hever, dans le cadre d’une opération nationale de lutte contre le pillage du patrimoine historique. Difficile d’accès – en plus d’être située dans la partie cisjordanienne du désert de Judée qu’occupe Israël depuis 1967 -, la grotte a été visitée au moyen de drones Â».

On l’a vu, si le panier provient bien d’une grotte de Cisjordanie, les fragments de parchemin et le squelette d’enfant, eux, ont été découverts dans la Caverne des Horreurs située en Israël. Il n’est pas possible de considérer que ce lieu soit sous « occupation israélienne ».

La confusion se poursuit jusque dans les légendes des photos du Figaro, où est montré « Le panier tressé de la « caverne des horreurs» Â». Alors que le panier provient de l’autre site, la grotte de Muraba’at.

 

 

Ailleurs dans la presse, la fausse localisation de la découverte s’est retrouvée directement dans le titre.

France Bleu, par exemple, a titré sur la découverte du parchemin et du panier supposément ensemble « dans une grotte en Cisjordanie Â» et a mis en évidence dans l’article la situation de la « caverne à flanc de falaise située dans le désert de Judée en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 Â». 

 

 

Et voilà comment, à partir d’un communiqué israélien quelque peu complexe annonçant simultanément un ensemble de découvertes provenant de lieux (et d’époques) différentes, on en arrive à une information inexacte qui donne malencontreusement l’impression qu’Israël ne serait pas le propriétaire légitime de découvertes trouvées sur son territoire internationalement reconnu.

 

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Image : Shai Halevi, Israel Antiquities Authority.

Derniers commentaires
  • Merci pour vos articles, néanmoins pour celui-ci, vous tombez dans le panneau de la justification. La « Cisjordanie » est le nouveau nom donné à la Judée et la Samarie, et si vous faites attention aux cartes représentant la Judée et la Samarie, vous constaterez que ‘Ein Gedi est en Judée, et est donc, d’après le nouveau nom donnée à la Judée-Samarie, en Cisjordanie. Le nom Cisjordanie a été donné après l’invasion par la Jordanie de cette partie d’Israël en 1948, juste après la déclaration d’indépendance de l’État d’Israël. Au moment de la déclaration en question, toute la partie occidentale de l’ex-Palestine mandataire était israélienne vu que les Arabes avait instantanément rejeté le plan de partition proposé par l’ONU en vue de la création d’un État juif et d’un État arabe vivant côte à côte dans la paix et la sécurité. De fait l’État arabe n’a jamais existé sur la partie occidentale de l’ex-Palestine mandataire. Par conséquent, conquête jordanienne ou pas, la Judée et la Samarie sont partie intégrante de l’État d’Israël. Il n’y a pas « la Cisjordanie et Israël » comme le suggère vos cartes, prétendre cela, c’est publier des informations erronées. Selon les accords d’Oslo, la Judée et la Samarie sont divisées en 3 zones. La zone A (dirigée militairement et civilement par l’Autorité Palestinienne), la zone B (dirigée militairement par Israël et civilement par l’Autorité Palestinienne) et la zone C (dirigée militairement et civilement par Israël), mais toutes ces zones, à l’heure actuelle sont en Israël, et compte tenu du fait que l’AP n’a eu de cesse de violer les accords d’Oslo (par les démarches unilatérales auprès d’organisations internationales et les appels à la lutte armée contre Israël), ceux-ci sont devenus complètement obsolètes.

    Mais supposons même que ce ne soit pas le cas, que l’AP se soit toujours super bien comporté et qu’elle a toujours respecté les accords d’Oslo, et cette zone où ont été faites ces découvertes, faisons-nous « l’avocat du diable », comme on dit, et supposons que les accords d’Oslo tiennent toujours … Là où ces découvertes ont été faites, c’était près de ‘Ayin Gedi, donc en Judée et donc en Cisjordanie et la « Cisjordanie » fait, de toute façon partie d’Israël mais en plus, là où ont été faites ces découvertes, c’est, selon les accords d’Oslo, en zone C, donc sous contrôle militaire et civil israélien.

  • Comme d’habitude, les idéologues antisiomites ne s’embarrassent pas des faits et préfèrent le mensonge.

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