L’ambassade d’Israël en France a adressé une demande officielle en ce sens à la chaîne culturelle franco-allemande.
La polémique suscitée par la décision d’Arte de ne pas diffuser le documentaire sur la montée de l’antisémitisme en Europe a pris une dimension internationale. Le porte parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Emmanuel Nahshon, a pris position sur cette affaire, critiquant la censure du reportage.
« Israël considère que ce film doit être diffusé et nous considérons que la décision de ne pas le diffuser est très inquiétante. L’opinion publique européenne doit connaître la vérité », a notamment écrit Emmanuel Nahshon dans un e-mail envoyé au quotidien israélien Jerusalem Post.
De son côté, l’ambassadrice d’Israël en France a adressé une lettre officielle à la présidente d’Arte Véronique Cayla pour lui faire part de sa « consternation » et lui demander de revenir sur cette décision.
Voici le texte intégral de la lettre d’Aliza Bin Noun, qui a été publié hier sur le site d’Actualité Juive.
« Madame la Présidente,
Nous avons été stupéfaits et consternés d’apprendre qu’Arte ait refusé de diffuser le documentaire intitulé « Un peuple élu et mis à part : l’antisémitisme en Europe », réalisé par Joachim Schroeder et Sophie Hafner, d’autant plus qu’il fut produit à la demande d’Arte.
Ce refus constitue une dissimulation de la réalité au public et une atteinte à son droit à l’information, surtout lorsqu’il s’agit de sujets importants tels que l’antisémitisme qui se répand à nouveau dangereusement en Europe, entraînant des conséquences graves sur les communautés juives, sur l’Etat d’Israël et sur l’ensemble des sociétés démocratiques.
La France, Israël et d’autres Etats démocratiques luttent conjointement contre l’antisémitisme, au nom des valeurs qui nous unissent. Ce combat est d’autant plus crucial que l’antisémitisme tue encore aujourd’hui. En France, en 2012, des enfants ont été tués à Toulouse parce que Juifs ; à Paris, en 2015, des Français ont été tués parce que juifs, à l’Hyper Cacher ; et encore tant d’autres actes antisémites se produisent, en France et ailleurs, toujours guidés par la haine aveugle du Juif.
De surcroît, l’antisémitisme, qui s’exprime de nos jours aussi à travers l’antisionisme, contribuent à nier et délégitimer le droit d’Israël à exister en tant qu’Etat-nation du peuple juif, portant atteinte à un pays allié et ami de la France et l’Europe.
C’est pourquoi, au nom de nos valeurs de démocratie et de liberté d’expression, et conformément à ce que représente Arte, il est fondamental de diffuser ce documentaire.
Je vous prie de croire, Madame la Présidente, à l’assurance de ma parfaite considération. »
Deux semaines après que la censure d’Arte a été révélée la polémique est loin de retomber. Dans une interview au Times of Israel, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France, Francis Kalifat a indiqué que le Crif entendait demander des explications à la présidence de la chaîne franco-allemande.
« J’ai demandé un rendez-vous à la présidence d’Arte, et lors de notre rencontre je demanderai très clairement ce qui a motivé ce refus. Nous avons de bons rapports avec la présidence d’Arte. Mais si les motivations ne nous semblent pas justifiées nous le ferons savoir », a indiqué Francis Kalifat.
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