La chaîne franco-allemande a déprogrammé un documentaire consacré à l’antisémitisme moderne, dont celui des ONG pro-palestiniennes.
C’est une polémique dont la chaîne Arte se serait bien passée. L’affaire a été révélée le 1er juin dernier par le journaliste Luc Rosenzweig, sur le site Causeur : le directeur des programmes, Alain Le Diberder, aurait décidé de ne pas diffuser un documentaire, produit et financé par la chaîne franco-allemande. Ce documentaire de 90 minutes, intitulé dans sa version allemande « Un peuple élu et mis à part : L’Antisémitisme en Europe » (les Français avaient choisi un titre plus neutre : « Les nouveaux visages de l’antisémitisme ») réalisé par Joachim Schröder et Sophie Hafner, avait pourtant été validé en avril 2015 par la Conférence des programmes d’Arte, composée à parité des représentants allemands et français de la chaîne.
Selon Luc Rosenzweig, cette validation obtenue de justesse, « s’était heurtée d’emblée à l’opposition d’Arte France qui avait subodoré que le contenu du documentaire n’était pas en adéquation avec la ligne éditoriale de la chaîne sur la question de l’antisémitisme. »
En clair, Arte préférerait se limiter à une dénonciation convenue de l’antisémitisme d’extrême droite mais rechignerait à s’intéresser à l’antisémitisme qui a cours dans les banlieues françaises, en particulier dans les milieux arabo-musulmans et qui s’abrite volontiers derrière une vulgate « anti-sioniste » plus présentable auprès des médias.
Malgré le silence d’Arte, le scandale de la déprogrammation du documentaire n’est pas pas passé inaperçu outre-Rhin. Bild, le journal le plus lu d’Allemagne, a non seulement protesté contre la censure d’Arte, mais a décidé de diffuser sur son site internet une copie du film qu’il s’était procurée (sans demander l’avis d’Arte…).
En France, le site Causeur a également diffusé le script français du documentaire censuré.
L’hebdomadaire Valeurs Actuelles, qui s’est fait l’écho de la polémique, a également pu visionner intégralement le reportage :
« Les réalisateurs donnent à voir des faits inhabituels pour les médias occidentaux : les montants disproportionnés des subventions allouées aux palestiniens, la corruption des ONG et agences onusiennes, la question des réfugiés juifs, l’antisémitisme criminel qui sévit en France… Autant de faits qu’Arte semble préférer occulter », souligne la journaliste de Valeur Actuelles, Rachel Binhas.
La réponse d’Arte
Après plusieurs jours de silence, Arte a réagi dans un communiqué.
La chaîne culturelle franco-allemande dément toute « censure » mais soutient que le documentaire ne correspondrait pas à ce qui avait été annoncé au départ.
Le film s’était éloigné « considérablement du concept initialement convenu » affirme Arte qui assure ne pas en avoir été informée durant sa phase de réalisation. « Insinuer que c’est pour des raisons politiques que le film n’aurait pas sa place dans le programme d’ARTE est parfaitement absurde : la proposition acceptée par la Conférence des programmes prévoyait expressément, conformément à la ligne éditoriale d’ARTE, chaîne européenne, de traiter de l’antisémitisme masqué derrière la critique d’Israël, et cela non pas au Proche-Orient, mais en Europe » plaide la chaîne dans son communiqué.
Pour mieux se justifier, Arte met en doute l’affirmation du documentaire selon laquellle « L’Union Européenne, des gouvernements européens, des Églises européennes ainsi que des organisations onusiennes cofinancées par l’Union européenne auraient versé 100 millions d’euros par an à des ONG politiques connues pour mener des campagnes anti-israéliennes. »
Décryptage
Tout le monde est pourtant au courant de ces dizaines de millions de subventions versées par divers canaux européens aux organisations anti-israéliennes, tant en Israël qu’en Europe. La presse israélienne y a consacré de nombreux articles. Et les Européens se sont eux-mêmes inquiétés que le gouvernement israélien veuille mettre un peu d’ordre et de transparence dans ce financement d’une propagande qui lui est foncièrement hostile.
Une chose est sûre : le documentaire « Un peuple élu et mis à part : L’Antisémitisme en Europe » semble bien en contradiction avec la ligne éditoriale d’Arte. La chaîne culturelle franco-allemande fait preuve d’une méfiance sourcilleuse face aux informations rapportées par le reportage et choisit de ne pas le soumettre au jugement de ses téléspectateurs.
Arte ne manifeste pas autant de préventions lorsqu’elle diffuse des reportages extrêmement favorables aux Palestiniens.
Encore récemment, InfoEquitable a alerté ses lecteurs au sujet de documentaires diffusés sur Arte, relevant plus à l’évidence de la propagande anti-israélienne que de l’information objective.
Pour mémoire on citera :
Le documentaire sur les « Colons » diffusé en septembre dernier
Le reportage accusait au passage les « colons » juifs de préparer la conquête de tout le Moyen-Orient. Arte, sans rire ni sourciller, avait diffusé la carte du plan secret des Juifs…
InfoEquitable avait aussi révélé que le documentaire était subventionné par la région Ile-de-France.
Ah oui ! C’est vrai, Arte ne veut pas entendre parler de cette histoire de subventions…
InfoEquitable s’est aussi intéressé au reportage sur les « Passeurs » de travailleurs clandestins palestiniens, diffusé il y a quelques semaines… Dans ce reportage totalement déséquilibré et caricatural, Arte avait – déjà ! – tendance à gommer l’antisémitisme des populations palestiniennes en tronquant les interviews…
La censure du documentaire « Un peuple élu et mis à part : L’Antisémitisme en Europe » de Joachim Schröder et Sophie Hafner ne s’inscrit finalement que dans la logique de cette ligne éditoriale non-avouée.
Nous comprenons qu’il soit difficile pour Arte de participer à la diabolisation des Israéliens et de diffuser ensuite un reportage sur les conséquences de cette diabolisation.
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