La direction française d’Arte persiste à refuser de programmer le film.
La polémique sur le documentaire consacré à la montée de l’antisémitisme en Europe n’est pas close et va connaître cette semaine un nouveau développement. La chaîne de télévision publique allemande ARD va en effet diffuser mercredi 21 juin le documentaire en cause tandis que la chaîne franco-allemande Arte refuse toujours de le programmer, le jugeant hors-sujet.
« Nous avons examiné le film de façon intense et j’ai pris la décision de soumettre de façon transparente ce documentaire au débat », a déclaré Tom Buhrow, le directeur d’ARD, en précisant que cette diffusion sera ainsi suivie d’un débat réunissant plusieurs invités sur un plateau.
La télévision allemande a manifestement opté pour la solution du bon sens. Diffuser le film, désormais baptisé « Les nouveaux visages de l’antisémitisme », et traiter les téléspectateurs comme des personnes adultes. « Je pense qu’il est juste qu’un large public ait maintenant accès à ce documentaire controversé, et cela en dépit de ses défauts afin que chacun puisse se faire une idée », a souligné Volker Herres, le patron des programmes de l’ARD.
La décision de la chaîne publique allemande place la direction France d’Arte dans une position difficile. La chaîne culturelle persiste aujourd’hui à refuser de diffuser en France le documentaire au motif que le film ne correspondrait pas à ce qui avait été commandé aux deux réalisateurs allemands Joachim Schröder et Sophie Hafner.
De nombreuses voix se sont élevés en France pour critiquer l’attitude d’Arte, estimant que la chaîne culturelle a choisi de déprogrammer le documentaire parce qu’il révèle de manière un peu trop crue l’antisémitisme qui inspire et nourrit la mouvance anti-sioniste.
Dans un communiqué, Arte a réfuté ces accusations :
« Insinuer que c’est pour des raisons politiques que le film n’aurait pas sa place dans le programme d’Arte est parfaitement absurde : la proposition acceptée par la Conférence des programmes prévoyait expressément, conformément à la ligne éditoriale d’Arte, chaîne européenne, de traiter de l’antisémitisme masqué derrière la critique d’Israël, et cela non pas au Proche-Orient, mais en Europe », indique la chaîne.
Reste que Arte va devoir justifier qu’une différence de traitement puisse être ainsi appliquée aux téléspectateurs selon le côté du Rhin où ils se trouvent. Pour quelle raison les téléspectateurs allemands sont-ils jugés assez matures pour voir le reportage et assister à un débat ? Pour quelle raison les Français en sont-ils privés ?
Au delà des explications pas forcément convaincantes, le refus d’Arte apparaît aujourd’hui aux yeux du plus grand nombre comme une réelle mesure de censure.
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Images : captures d’écran Youtube
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