Le 27 novembre s’est tenu, dans les murs du Palais du Luxembourg (!) et avec le soutien de nombreux médias (y compris publics -!!-), un colloque organisé par l’iReMMO sur le thème : « Israël-Palestine : Que la France s’engage ». Un public de bon aloi s’y est réuni pour écouter les portes-drapeaux de la « cause palestinienne ». Plutôt que de relever chacun des trop nombreux mensonges qui y ont été proférés, Nidra Poller rapporte de l’intérieur ce qu’il s’est dit : voici le genre d’argumentation dont est abreuvé un public qui ira ensuite à son tour la propager.
Guichets fermés une bonne semaine avant le Colloque organisé par l’iReMMO [Institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient] — Israël-Palestine : Que la France s’engage. Impossible de joindre l’organisation par téléphone ou de laisser un message. Pour dire à quel point le colloque, tenu en partenariat avec rfi, France 24, MCD, France Médias Monde, La Croix, Moyen-Orient, Médiapart et OXXI — a séduit. Confortablement installé sur les sièges rembourrés de la Salle Clémenceau du Palais de Luxembourg, un public distingué a suivi attentivement des interventions d’un seul tenant — Israël criminel — prononcées dans une ambiance feutrée. Et pourtant ce sont les prémices d’un politicide qui coulaient de sombres sources.
Le huis clos de la doxa
En alternant des doléances palestiniennes avec des accusations contre l’Etat d’Israël juif, les divers intervenants ont construit l’instrument qui devrait, dans un premier temps, priver de sa souveraineté cet Etat honni. Une fois réduit à la soumission, Israël disparaitrait. On ne l’a pas dit crûment. En l’absence de contexte géopolitique, de raisonnement, de chronologie et de toute notion de cause à effet, on s’est servi de la parole comme d’une arme par destination. Colonisation, Occupation, transfert de populations, crimes de guerre, extrême-droite, annexion, infractions graves, démolition de maisons, humiliation, apartheid, punitions collectives. Israël, Etat criminel, n’écoute pas, n’obéit pas, s’enrichit en toute impunité sur le dos des Occupés. Il faut punir Israël. Il faut lui donner un ultimatum : respecter la loi internationale ou se faire éjecter du concert des nations démocratiques.
Des idées reçues il y en avait en abondance. Avec peut-être une, relativement nouvelle, qui fait son chemin dans l’arène internationale : devant l’échec du processus d’Oslo et des pourparlers aujourd’hui bloqués, il faudrait renverser le calendrier. Au lieu de résoudre une à une les questions brûlantes — frontières, échange de territoires, Jérusalem, réfugiés — pour aboutir à la création d’un Etat palestinien, il faut d’abord reconnaître la Palestine qui participera alors sur un pied d’égalité aux négociations qui s’ensuivront. La reconnaissance d’un proto-Etat palestinien auprès des instances internationales s’inscrit dans cette stratégie.
Les interventions prises dans leur ensemble sonnent comme des imprécations coraniques… contre les Juifs.
1ère table ronde : Etat des lieux
[J’arrive alors que Dominique Vidal conclut] : 800,000 Palestiniens chassés [devenus 6 millions de réfugiés à réinstaller], gouvernement d’extrême-droite, annexion des colonies, apartheid, abandon de la solution à deux Etats.
Géraud de Pradelle (juriste, professeur émérite à l’université Paris X-Nanterre)
Le juriste résume les injonctions de la Résolution onusienne N°2334 dont une copie est à la disposition du public. Israël ne respecte pas la Résolution, ne respecte pas la Convention de Genève, commet des infractions très graves, des crimes de guerre. Le droit international lui-même est menacé par ce non-respect. La situation est perverse : la création d’un Etat palestinien est laissée à la discrétion d’un Etat d’Israël qui existe… et de façon très musclée. La France s’est engagée en organisant un sommet en janvier, malheureusement resté sans suite. Si ce n’est le pied de nez d’Israël qui a annoncé dans la foulée la construction de logements à Jérusalem-Est et en Cisjordanie.
Amira Hass (journaliste, correspondante pour le journal Haaretz)
Dans le style « massacre de Jénine » avec des touches de Rafle du Vel d’hiv, la journaliste brosse le scénario d’un transfert massif des dizaines de milliers de Palestiniens, nos indigènes, raflés, transportés et déposés en Jordanie et qui sait ailleurs. Il y a cinq ans elle n’aurait pas imaginé une telle ignominie. Elle croyait à un compromis entre la volonté juive ancienne de voir disparaître les Palestiniens, qui a failli réussir en 1948, et l’acceptation à travers le processus d’Oslo de les concentrer dans des enclaves. Il y a même, dit-elle, sans nommer Mordechai Kedar, un professeur de Bar Ilan University qui propose la solution à sept émirats. Avec Oslo, la communauté internationale envisageait un retour à la situation de 1947. En fait, sous le parapluie d’Oslo, une Palestine avec des points de colonies est devenue la colonisation avec de petits points de Palestine. Des Palestiniens sont virés de Jérusalem ; plus de 150000 expulsés du plateau de Golan ; depuis 1991 Gaza est une prison à ciel ouvert… La jeunesse, sans perspective politique et économique, est poussée à l’émigration. Pour les jeunes Israéliens, l’hégémonie israélienne est un fait accompli : à leurs yeux, les Palestiniens ne résistent pas à l’Occupation, ils attaquent Israël. La Cour suprême est affaiblie, l’Europe, frappée elle-même et choquée par des atrocités au Moyen-Orient, n’a plus la force d’agir.
J’ai assisté, dit Amira Hass, il y a un mois à Jérusalem à une conférence intitulée « Jordan is the Palestinian State » organisée, elle ne le dit pas, par Ted Belman du site Israpundit. La plupart des intervenants était anglo-saxons [c’est-à -dire des étrangers] dont un, j’oublie son nom, [probablement Yshai Fleisher] se présente comme porte-parole des Juifs de Hébron. On a viré les commerçants, les hommes et les femmes et les enfants palestiniens du centre de Hébron. Le dernier qui a parlé avait un gros pistolet dans le dos. Elle conclut : on ne peut pas contrer ce projet néfaste si l’on ne commence pas par avouer sa probabilité.
Hagai El-Ad (directeur exécutif de B’tselem)
C’est le cœur qui parle. Des injustices du passé et du présent, de l’humiliation du peuple palestinien, de l’Occupation ; un peuple qui règne sur un autre pendant plus de 50 ans, c’est une violence. Il cite Frederick Douglass… en précisant que les Palestiniens ne sont pas esclaves. Mais ils ne sont pas libres. Il cite Nelson Mandela. Ce n’est pas exactement l’apartheid mais les Palestiniens vivent sous dictature militaire. Punitions collectives, détention sans procès, démolitions de maisons, les soldats entrent où ils veulent quand ils veulent. L’Europe, qui porte une responsabilité pour le contexte [= la Shoah] dans lequel l’Etat d’Israël a été établi, doit exiger le respect de la Résolution 2334. En fin de compte si Israël ne met pas fin à l’Occupation il ne devrait plus être considéré comme une démocratie. Défendre les Palestiniens c’est défendre les Israéliens, en se plaçant du bon côté de l’Histoire. Le transfert des Palestiniens est un crime de guerre. Vous croyez que l’administration américaine mettra fin à l’Occupation ? [rires] Faute de trouver une solution non-violente on doit s’attendre à l’intensification de la violence du passé. L’Occupation est un crime contre Dieu et l’Homme. La communauté internationale doit agir. End the Occupation !
Shawan Jabarim (directeur général de Al-Haq )
Du haut de ses cheveux blancs, Jabarim parle cash. Il faut venir en Palestine voir ce qu’on subit tous les jours. L’ONU s’est prononcée sur l’illégalité de cette Occupation. C’est l’apartheid, du colonialisme. Deux nationalités vivent sur la même terre. Des routes sont interdites à l’une de ces populations. L’expulsion des Palestiniens est planifiée depuis 1967. 75% de notre population a moins de 29 ans. Comment vivent-ils cette Occupation qui opprime, qui persécute, qui s’impose sur chaque détail de notre vie ? C’est l’Occupation la plus rentable de tous les temps ! Les colons confisquent nos terres, produisent, vendent leur production et encaissent 8 milliards sans la moindre considération pour les colonisés. Nous disons aux Européens, gardez votre argent, on se débrouille. Exigez la fin de l’Occupation. Qu’on nous laisse libres de développer notre société et profiter de nos richesses, de nos ressources naturelles. Il n’y aura plus de chômage, plus de jeunes cherchant un avenir en Europe. Si vous êtes amis d’Israël il faut leur dire ce qui est bon ce qui est mauvais. Sinon, vous verrez 800,000 immigrés à votre porte.
Israël criminel, clame-t-il, jouit d’une culture d’impunité. Les implantations sont illégales. Le transfert de civils est un crime de guerre. En ouvrant vos marchés aux produits des territoires vous payez des gages aux criminels. Il faut accorder liberté et justice aux victimes et punir les criminels. La Cour suprême permet la démolition de maisons. C’est un crime de guerre. Et maintenant les Américains veulent fermer la délégation. Pourquoi ? Parce que l’OLP sollicite la CPI. Vous voulez m’empêcher de chercher justice auprès de la CPI ? C’est à vous d’agir. Punir les criminels, claironne-t-il. Reconnaissez l’Etat de Palestine. L’avenir appartient à la Justice. Nous ne serons jamais vaincus !!! [applaudissements fervents]
La pause
Une femme me demande si Amira Hass a parlé du rôle des journalistes. « Je n’ai pas pris les écouteurs, dit-elle, j’avais du mal à suivre l’anglais. » En fait, non. Je fais un résumé de l’intervention de la journaliste. Madame pense que les médias sont… « Ils n’ont pas donné les détails de la Résolution 2334. » Elle n’arrive pas exactement à le dire. « Plutôt du côté de… ? je demande ». Elle n’ose pas. Mais elle donne un exemple : « Sur l’écran c’est une commémoration… » Il s’agit, je crois, du vote favorable à l’établissement d’un foyer juif en Palestine. « En bas, c’est juste écrit tout petit, les Israéliens ont fermé trois écoles palestiniennes en Cisjordanie ». Ah, je réponds, ça doit être les écoles de l’UNWRA utilisées comme bases militaires. Elle pense qu’on aurait dû développer les deux sujets à parts égales. Elle n’ose pas dire que les Juifs contrôlent les médias.
2e table ronde : Ce que veulent les acteurs
Elias Sanbar (écrivain et « ambassadeur de la Palestine » auprès de l’Unesco)
Que veulent les Palestiniens ? On le sait depuis 26 ans. Mais, devant une impasse, on se demande ce qu’il est possible d’obtenir. L’environnement régional est explosif. Des pays disparaissent ; des pays arabes — et c’est nouveau — sont fatigués de la cause palestinienne, ils ont d’autres priorités. Surgit alors une idée dangereuse, quoique bien intentionnée : Israël ravage la terre mais est en train de créer l’Etat binational qu’on pensait ne jamais obtenir. Les Palestiniens résisteront, il y aura des massacres et des bains de sang. Répéter 1947 semblait impossible ? Regardez ce qui se passe en Syrie. La communauté internationale ne fait rien pour l’arrêter. Moi, je suis pour un Etat démocratique, c’est-à -dire binational, mais la solution à deux Etats pourrait servir d’étape. Seulement, c’est utilisé aujourd’hui par ceux qui veulent détruire tout espoir d’Etat palestinien. Ils ont créé un tel enchevêtrement qu’il ne peut pas avoir échange de territoires. On ne peut pas savoir où commence et où se termine une colonie.
Que faire ? Créer des facts on the ground. Irréversibles. Comme l’entrée de la Palestine à l’UNESCO en tant que pays membre. Il faut casser l’idée des territoires. C’est un territoire avec un peuple ! L’inscription des sites au patrimoine mondial est fondamentale. C’est la reconnaissance de notre souveraineté là où le site est inscrit. Bethlehem ! Nous y sommes souverains. Malgré la réaction violente à l’inscription de Hébron, nous avons gagné. Que peut faire la France ? Puisque vous dîtes que vous êtes pour la paix, aujourd’hui impossible parce que ça se passe entre un acteur reconnu et l’autre non reconnu, il faut d’abord reconnaitre la Palestine. Sinon, Israël va jouir de ses gains jusqu’à la fin des temps. Le problème d’Israël c’est qu’il n’écoute pas.
Ayman Odeh (membre de la Knesset)
Le députe parle arabe, avec un interprète. Les autres non-francophones parlaient anglais. Il y a deux courants en Israël : l’un qui agit pour développer la colonisation, le racisme — c’est le courant de Benjamin Netanyahu — et l’autre qui cherche à créer une véritable démocratie. C’est nous. La seule solution possible est un Etat palestinien à côté de l’Etat d’Israël. En ce qui concerne les paramètres, Abbas et Olmert ont réussi à peu près à définir le statut de Jérusalem. Ce n’était pas appliqué. Des milliers de Palestiniens sont morts depuis. Résister c’est résister sur sa terre natale. Sur deux fronts : la lutte du peuple palestinien et l’influence de l’opinion israélienne. Par exemple, la première Intifada. En tant que citoyen arabe de l’Etat d’Israël j’ai intérêt à une solution pacifique. Nous sommes 20% de la population. Netanyahu a relevé le plafond d’entrée à la Knesset, pensant nous barrer la route ; nous avons créé une liste unifiée, nous sommes 13 députés. Le problème n’est pas seulement la droite ; la gauche est embourbée dans ses contradictions. Quelle honte ! Ce parti arrivé au pouvoir grâce en partie à nos voix n’arrive pas à mettre fin au pouvoir de Netanyahu. Et son nouveau leader déclare qu’il n’y a pas d’interlocuteur pour la paix et qu’il faut soutenir les colonies.
Hala Abou-Hasira (Premier conseiller de la Mission de la Palestine en France)
Que veulent les Palestiniens ? La liberté. Tout simplement. Les Israéliens ne veulent pas de souveraineté palestinienne, ne veulent pas le retour des réfugiés, même pas dans un Etat palestinien. Les négociations ont été interrompues à cause du refus israélien de libérer le quatrième groupe de prisonniers. Trump dit qu’il va faire le compromis du siècle ? Non ! Nous, les Palestiniens, avons fait le compromis du siècle. Obama comme Trump était du côté d’Israël, ils ont laissé développer la colonisation. Le Congrès américain tient en réserve 27 projets de loi pour punir les Palestiniens. Nous punir de notre non-violence, de nous adresser à la CPI pour qu’Israël soit puni de la colonisation, des crimes de guerre. Les USA sont disqualifiés du rôle de médiateur. Nous sommes engagés sur la voie de la réconciliation [Hamas-AP]. La rue palestinienne la veut. On ne voit pas d’autre perspective que la colonisation, la démolition de maisons, la punition collective. La situation à Gaza est grave : pas d’eau, coupures d’électricité, chômage, 80% de la population vit de l’aide internationale. Il y a un changement de direction du Hamas, soumis à la pression de l’Egypte, privé du soutien du Qatar et de la Syrie. Avec la réouverture des points de passage, sous contrôle de l’AP, on espère créer des conditions de vie décentes. La France a beaucoup fait : le Sommet de janvier 2017, le vote favorable à l’adhésion de la Palestine à l’UNESCO. On peut faire plus pour mettre pression sur Israël : par exemple, l’étiquetage des produits des colonies. La majorité des Palestiniens soutient la solution à deux Etats. Pour cela, il est impératif de reconnaître la Palestine avant d’entamer des négociations. Aujourd’hui Israël n’a plus de prétextes, la communauté internationale n’a plus de prétextes. Il faut régler ce problème qui dure depuis 70 ans ! [= depuis 1947]
Daniel Shek
Alors que tous les intervenants sont présentés avec titres et postes, Dany Shek n’a que son nom pour l’identifier. Il commence néanmoins par jeter en pâture ses amis « dont beaucoup m’ont conseillé de ne pas participer. » [rires gras] Il poursuit sur un ton franc mais amical qui casse la belle unanimité de la matinée. Si l’on veut dresser un état des lieux, ça n’a pas de sens d’inviter Ayman Odeh, Amira Hass, Hagai El-Ad, pour qui j’ai le plus grand respect. Ils représentent 1 ou 2% de la population. C’est comme si on n’osait pas confronter les contradictions. Se réunir chaque année pour répéter nos convictions, est-ce utile ? Si à leurs yeux il n’y a pas de véritable différence entre droite et gauche, entre Oslo et le plan de transfert… A quoi bon ? Shek parle des réalités : il n’y aura pas d’intervention musclée de la communauté internationale. Don’t hold your breath. Rien ne me pousserait à défendre Benyamin Netanyahu mais le gouvernement actuel est élu. Je suis opposé à la colonisation, je suis pour la solution à deux Etats. Je cherche la faille. La communauté internationale doit surmonter le manque de volonté des protagonistes des deux côtés. On ne peut pas imposer une solution. Les peuples sont en avance sur les gouvernements. Les deux parties ont fait des erreurs graves tout au long du conflit. Je milite au sein de l’Israel Peace Initiative. On cherche l’accord dans un contexte régional. Je ne suis pas fan de Trump mais son administration est la seule à prendre l’initiative dans ce sens. La France doit le soutenir, pas s’y opposer.
Il souligne trois erreurs de base : Israël insiste sur des pourparlers strictement bilatéraux ; la seule force extérieure doit être les USA ; rien n’est conclu avant que tout soit conclu. On doit questionner ces prémices, ouvrir plusieurs canaux de négociation, soulager les craintes des Israéliens, des Palestiniens. Je crois que le peuple juif a droit à un Etat et que les Palestiniens ont droit à l’autodétermination. Cela va très mal dans mon pays mais il faut chercher un rayon de soleil. On ne doit pas se réunir tous les ans pour lamenter.
Zeev Sternhell
Mention a été faite auparavant de l’attentat commis contre Sternhell par un extrémiste de droite mais lui aussi est présenté sans titres, sans biographie. Et il se lance ! Sans se perdre dans des réfutations laborieuses, il annonce d’une voix ferme qu’une solution à deux Etats qui mettra fin au conflit est possible… mais seulement si Israéliens et Palestiniens acceptent l’irréversibilité de la situation créée en 1948. Or, ni la droite israélienne ni les Palestiniens ne l’acceptent. Demander que veulent les Israéliens c’est comme si on demandait ce que veulent les Français. Il fait la gamme, du Front National aux Insoumis et tout ce qui est entre les deux. Nous sommes une démocratie. Il faut gagner des élections. Aujourd’hui nous avons au pouvoir des gens que les fondateurs n’auraient jamais imaginés là . Ce ne sont pas des gentlemen.
La ligne verte de 1949 est devenue la frontière de fait. La Palestine n’a jamais eu de frontières définies. Pour la première fois, le Juif est reconnu comme citoyen de son Etat. Nous voulons rester citoyens de notre Etat et que les Arabes jouissent de l’égalité.
Pour les Palestiniens, renoncer au droit de retour signifie la fin de la revendication de défaire 1948. C’est la véritable pierre d’achoppement. Arafat aurait dû le dire dans un camp de réfugiés : c’est fini, vous n’allez jamais rentrer. Quant aux colons, la question n’est pas si c’est légal ; ce n’est pas légitime. C’était nécessaire en 1949, aucun peuple n’avait autant besoin d’un toit. C’était légitime. Nous avons gagné. Les colonies ne sont pas légitimes. Mais il n’est pas possible de mettre fin à 100%. En grande partie, oui. Il faut convaincre Israël qu’il y un interlocuteur qui accepte 1948. Tout le reste, les grandes puissances, tout cela, il faut l’oublier. Elles ne s’intéressent pas, les seuls qui s’intéressent aux Palestiniens sont les Israéliens et la seule possibilité c’est d’accepter 1948.
Retour au monde réel
Il est déjà 14 heures. On annonce la pause déjeuner en reportant les questions à la fin de la table ronde de l’après-midi. Je me sauve. J’aurais voulu voir si les propos de Shek et Sternhell avaient provoqué un débat, mais je n’ai plus de temps à consacrer à la litanie Etat-criminel-punir-Israël. Dany Shek avait remarqué, « Je ne pense pas qu’il y a dans cette salle quelqu’un qui défend la colonisation. » Mon départ lui a probablement donné raison.
JT I24news de 20h : la parole du Hamas vient casser l’illusion de la réconciliation, voire la confirmer en pire : pas question de déposer nos armes. Au contraire elles seront transférées en Cisjordanie et utilisées pour attaquer Israël et mettre fin à l’Occupation. [update 30 novembre : la réconciliation est reportée] Réunion à Riyad de 40 Etats musulmans contre le terrorisme y compris le Pakistan où le responsable du massacre au centre Chabad de Mumbai vient d’être libéré.
La France s’engage-t-elle ? J’ai posé la question en 2000 :
Où seront les tifosi d’octobre 2000 quand les Palestiniens se retrouveront vaincus?
Car force est de constater qu’ils ont à plusieurs reprises perdu par la lutte armée ce qu’ils avaient ou auraient pu gagner par la négociation. Au lieu de considérer les Palestiniens comme le peuple le plus opprimé sur cette terre, ne serait-il pas plus intelligent d’imaginer avec eux d’autres solutions au conflit ? Des solutions qui ne passent pas par la destruction de l’État d’Israël ni la guerre contre les Juifs du monde entier.
Nidra Poller, L’Aube obscure du 21e siècle, authorship intl, Paris, décembre 2017
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Auteur : © Nidra Poller pour InfoEquitable. Si vous souhaitez reproduire cet article, merci de demander ici une autorisation écrite préalable.