Le Conseil national, chambre basse du parlement suisse, a voté une motion visant à arrêter le financement par le gouvernement d’organisations qui promeuvent le boycott d’Israël et diffusent l’antisémitisme et le racisme.
Le texte, voté par 111 voix contre 78, avait été soumis par un député de l’Union démocratique du centre (UDC), Christian Imark, dont le parti occupe les sièges les plus à droite de l’hémicycle et constitue la première force au Conseil national avec 29% des sièges (contre 18% au deuxième parti, le Parti socialiste).
La répartition du vote est intéressante :
La quasi-totalité des députés de droite ont soutenu la motion : l’ensemble des UDC présents et 90% des PLR (trois députés de ce parti ont voté contre). A gauche, la totalité des Socialistes et des Verts ont voté contre, rejoints par le petit parti des Verts libéraux. Le centre, constitué essentiellement du Parti démocrate-chrétien (PDC), était partagé (50-50).
Le journal Basler Zeitung avait soulevé le problème deux semaines auparavant dans un article intitulé « Avec l’argent du contribuable suisse contre Israël » :
La Suisse finance en Israël et dans les Territoires palestiniens diverses organisations qui appellent à l’élimination d’Israël et au meurtre des Juifs. Au département des Affaires étrangères, on fait comme si tout allait bien. On garde toutefois le secret sur les rapports annuels et les évaluations de ces organisations.
Jusqu’en 2010, expliquait l’article, la Suisse finançait directement des organisations problématiques. Une organisation tierce, le « Secrétariat aux droits de l’homme et au droit international humanitaire » de Ramallah a été mise en place en 2013 pour permettre à des pays occidentaux (Suisse, mais aussi Suède, Pays-Bas, Danemark, Norvège) de continuer à envoyer de l’argent, indirectement, à des organisations anti-israéliennes et antisémites.
Parmi les récipiendaires de l’aide suisse, selon les données chiffrées de NGO Monitor, se trouvent des organisations dont certaines sont « directement affiliées avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation terroriste désignée comme telle par les Etats-Unis, l’Union européenne, le Canada et Israël. » InfoEquitable évoquait déjà ce problème en novembre dernier, lorsque NGO Monitor avait incriminé la Suisse, mais aussi l’UE, pour ce type d’actions.
La motion « Couper court au détournement des deniers publics à des fins de racisme, d’antisémitisme et d’incitation à la haine », votée par le Conseil national, stipule :
Le Conseil fédéral est chargé de modifier les lois, ordonnances et règlements concernés, de manière à ce que la Suisse ne puisse plus subventionner, même indirectement, les projets de coopération au développement menés par des ONG impliquées dans des actions racistes, antisémites ou d’incitation à la haine, ou encore dans des campagnes BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions).
Le texte ne mentionne pas nommément Israël, mais le seul Etat visé par une campagne dite « BDS » est Israël.
Un rapport détaillant les financements d’ONG problématiques par la Suisse avait été fourni aux parlementaires, sur la base du travail de l’organisation NGO Monitor spécialisée dans l’analyse du fonctionnement des ONG anti-israéliennes. Y figuraient quantité de données sur des financements octroyés directement ou indirectement par le gouvernement helvétique à des organisations promouvant la haine d’Israël.
Il est à noter que le Conseil fédéral (gouvernement), qui émet avant chaque vote un avis basé sur la majorité de ses 7 membres, avait proposé de rejeter la motion, arguant que « En ce qui concerne précisément le conflit israélo-palestinien, auquel la motion fait implicitement référence, il convient de relever que, dans le cadre de ses activités au Proche-Orient, la Suisse s’engage pour la promotion de la paix et le respect du droit international par toutes les parties au conflit. Elle collabore à cette fin avec différentes organisations partenaires, y compris des ONG israéliennes et palestiniennes. (…) La Suisse ne soutient en aucune manière des organisations incitant à la haine, à la violence, au racisme ou à l’antisémitisme. Elle ne s’est jamais associée au mouvement dit BDS et ne finance ni ne soutient aucune campagne appelant au boycott de produits israéliens. » Il faut dire que le ministre en charge du Département fédéral des affaires étrangères, Didier Burkhalter (dont l’avis diverge de la majorité de son Parti libéral-radical PLR – droite) est un fervent partisan d’une levée rapide des sanctions contre l’Iran, un pays dont les intentions envers Israël rejoignent celles du mouvement BDS.
Le gouvernement a donc été désavoué. En mai, le Conseil des Etats, la chambre haute du parlement, décidera si le texte devient une loi.
La Suisse n’est pas la seule à avoir été jusqu’à présent très impliquée dans le financement d’organisations liées au BDS et à des mouvements terroristes palestiniens. L’Union européenne et beaucoup de ses pays membres mènent une politique similaire. NGO Monitor a émis en janvier dernier un rapport sur la France indiquant que « Le gouvernement français finance de nombreuses organisations françaises, israéliennes, et palestiniennes soutenant et faisant la promotion des campagnes BDS contre Israël et ce, malgré le fait que de tels boycotts sont illégaux au regard de la loi française. »
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Auteur : InfoEquitable
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