Plusieurs médias ont cherché à propager l’accusation mensongère d’« apartheid » contre Israël à l’occasion de la construction d’une nouvelle route divisée par un mur destiné à protéger les usagers israéliens contre les attaques terroristes palestiniennes. Mais en termes de falsification, personne n’a fait mieux que la chaîne russe RT.
Le décor, il faut le dire, n’est pas une réussite. Ce sont deux routes qui se longent sur 5 kilomètres avec, au milieu un mur qui les sépare. L’une dessert principalement les Palestiniens, l’autre principalement les Israéliens. La vision frappe, et elle a été immédiatement été saisie par les détracteurs d’Israël pour hurler à « l’apartheid ».
L’accusation d’apartheid envers Israël est une calomnie en vogue depuis la conférence de Durban qui s’est tenue dans cette ville d’Afrique du Sud en 2001 sous l’égide de l’ONU. L’idée est d’ostraciser Israël en alléguant du fallacieux prétexte que les Arabes y seraient opprimés comme les Noirs l’ont été en Afrique du Sud – bien que les 20% d’Arabes d’Israël y jouissent en réalité d’une pleine citoyenneté. Il s’agit aussi de délégitimer l’Etat juif en présentant les Juifs comme un peuple de colonisateurs étrangers à l’instar des Européens en Afrique du Sud, bien que l’histoire juive en Israël remonte à plusieurs millénaires.
Dans le cas de la nouvelle route, construite en Samarie (Cisjordanie) au nord de Jérusalem, il est facile en recourant aux images brutes accompagnées de quelques commentaires orientés de faire croire à une séparation ethnique – Juifs circulant d’un côté du mur, Arabes de l’autre – pour accréditer l’image d’un système d’apartheid.
Cette interprétation ne résiste pourtant pas à l’analyse des faits : d’un côté, les véhicules transportent des Israéliens (y compris des Arabes israéliens !) ainsi que des Palestiniens détenteurs de permis pour entrer à Jérusalem; de l’autre, ils transportent essentiellement des Palestiniens, mais aussi les Israéliens qui veulent contourner Jérusalem. Il y a donc des passagers arabes (et juifs) dans les voitures circulant des deux côtés du mur : la division se fait ici avant tout sur base de nationalité. Cela n’a rien à voir avec les bases ethniques et raciales du véritable apartheid sud-africain.
Pourquoi la séparation ?
Mais alors, pourquoi cette séparation ? Laissons l’Agence France-Presse (AFP) l’expliquer – en anglais, car dans la version française de la même dépêche, ce passage a curieusement été édulcoré : rapportant que, pour le ministre israélien de la Sécurité intérieure Gilad Erdan, cette route est « l’exemple qu’on peut créer une vie partagée entre Israéliens et Palestiniens tout en répondant aux défis sécuritaires existants », la dépêche en anglais précise que le ministre « faisait référence aux attaques palestiniennes contre les Israéliens, qui ces dernières années ont inclus des attaques à la voiture-bélier et au couteau parfois mortelles ». Sur les routes, ces attaques prennent aussi la forme de jets de pierres, comme ceux qui ont causé la mort d’Asher Palmer et de son fils âgé de 1 an en 2011.
Pour se protéger de ce danger terroriste qui menace sa population civile, Israël construit une « barrière de sécurité » qui prend dans les endroits les plus sensibles la forme d’un mur. Le mur n’est pas photogénique, mais sa raison d’être sécuritaire n’a rien à voir avec une politique de discrimination ethnique.
Qui crie à l’apartheid ?
Comme le rapporte l’AFP, c’est de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) qu’est venue l’accusation hautement politisée d’apartheid.
« C’est la première route de l’apartheid » séparant d’un mur les uns et les autres, a dénoncé auprès de l’AFP un responsable de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), craignant que cela ne crée un précédent.
Un comble quand on sait que, alors qu’Israël accorde la citoyenneté aux Arabes, aucun Juif n’est autorisé à habiter dans les territoires sous administration palestinienne : en voilà, une situation qui rappelle l’apartheid…
C’est comme souvent le journal israélien d’extrême gauche Haaretz qui a donné de la traction à ces accusations, dans un article faisant croire que la route séparait « Palestiniens et colons juifs » (nous l’avons vu, ce ne sont pas uniquement les « colons » mais les citoyens de toute origine, arabes compris, qui peuvent emprunter le segment réservé aux Israéliens).
Le titre propageait l’accusation d’apartheid. Et pour être sûr de bien imprimer cette image dans l’esprit des lecteurs, Haaretz a même créé une infographie présentant la nouvelle artère comme la « route de l’apartheid ».
Il n’en fallait pas plus pour que certains médias français emboîtent le pas à Haaretz en reprenant le même angle.
… RFI, tout en nuance, qui présente à cette occasion « l’apartheid en Israël » comme un fait…
… ou Le Figaro :
Supercherie russe
Mais c’est la chaîne russe Russia Today (RT) en anglais qui s’est le plus illustrée, dans une vidéo dont les activistes anglais de l’Israel Advocacy Movement (IAM) ont fait une critique… désopilante :
Russia Today just made a video labelling Israeli route 4370 an apartheid road. This is possibly the worst propaganda we have ever seen as their own footage contradicts the claim! pic.twitter.com/QtJ2xCAku4
— Israel Advocacy Movement (@israel_advocacy) January 16, 2019
IAM démontre que ce que la présentatrice identifie comme des voitures de « colons », roulant du côté israélien, sont pour beaucoup des voitures à plaques… palestiniennes ! Les Palestiniens titulaires de permis ayant, nous l’avons vu, la permission d’y circuler.
Et la vidéo de RT montre aussi des voitures à plaques israéliennes circulant supposément du côté palestinien, où la présentatrice dit avoir conduit. Sa crédibilité est donc sérieusement entamée lorsque celle-ci conclut en affirmant que, pour les Palestiniens, « ce mur n’est rien d’autre qu’une discrimination flagrante ; ils l’appellent « le mur de l’apartheid » ».
Contrainte de réagir par la révélation de cette manipulation, la chaîne russe a corrigé le tir… en recourant à une autre manipulation !
Observez bien la version « corrigée » de la vidéo :
CORRECTION: We apologize for a mistake in our video report of a segregated road in the West Bank. Footage was inadvertently mixed up during video-editing (1/2)
NEW VIDEO here:➡️https://t.co/qknDkRu42z https://t.co/17tl3Mz1qQ
— RT (@RT_com) January 17, 2019
Les plaques correspondent désormais au récit voulu : un plan avec uniquement des plaques jaunes, un plan avec uniquement des plaques vertes. Mais le mur ? Envolé, disparu !
IAM a repéré la nouvelle supercherie :
After we embarrassed RT by rebuking their claim route 4370 is an apartheid road with their own footage.. which recorded Palestinians & Israelis driving on both sides of the road!
They just corrected their footage by lying and pretending a completely different road was 4370! https://t.co/R3JTirdDqq
— Israel Advocacy Movement (@israel_advocacy) January 18, 2019
La reporter de RT est allée conduire et, sitôt qu’elle a trouvé un flot homogène de voitures à plaques jaunes israéliennes, elle a claironné que « la plupart des conducteurs ici sont des colons ». Seul hic : la route filmée dans ce reportage « corrigé » n’est pas la route 4370 !
Plutôt que de rectifier son récit pour refléter correctement la réalité, RT a préféré tordre la réalité en sélectionnant des images issues d’un autre contexte qui puissent donner l’impression de soutenir son récit fallacieux.
Chez InfoEquitable, on n’est pas très surpris : l’année dernière, c’est Le Monde que nous avions épinglé en train de trafiquer une vidéo malhonnête sur Gaza après que des internautes aient repéré la première supercherie.
Ce qu’aucun journal français ne montrera : des Palestiniens présents à l’inauguration
Le site Jewish News Syndicate (JNS) démontre que l’OLP ne représente pas le point de vue de l’ensemble des Arabes de la région. Certains sont très contents de la nouvelle infrastructure, qui leur permet d’éviter des embouteillages jusque là récurrents.
L’apartheid ne saute pas aux yeux sur cette photo des responsables présents lors de l’inauguration de la route 4370, que la presse a soustraite au public français :
Aux côtés du ministre israélien des Transports et du maire de Jérusalem, on y voit, à droite, le « mukhtar » (chef spirituel) de la ville palestinienne d’Anata et un homme d’affaire arabe résident d’un faubourg de Jérusalem. Ce dernier, Akram Abdel-Rachman, a déclaré à JNS qu’il soutenait « tout projet qui facilite la vie des résidents de cette zone. C’est une bénédiction. » Ajoutant qu’« aujourd’hui, tellement de familles ont plusieurs voitures, et il y a tant de trafic par ici, quelle différence est-ce que la religion fait ? ». « Nous ne sommes pas des politiciens. On veut juste le calme ici, et les moyens de gagner notre vie. Nous ne regardons pas la politique ; nous voulons juste des services comme tous les résidents ici. »
Ce que confirme un autre habitant Palestinien d’Anata, cité par l’AFP en conclusion de sa dépêche : « M. Qaysi a désormais une route « pour aller à Anata », village voisin, en « trois ou quatre minutes » au lieu d' »une demie heure, trois quarts d’heure » avant mercredi. »
Voilà un « apartheid » étonnamment bien accueilli par certains des « opprimés » palestiniens.
Espérons qu’un jour ce mur disgracieux n’ait plus de raison d’être. Critiquons-le, si nécessaire – la situation est complexe et il y avait peut-être d’autres solutions possibles. Mais reprendre la propagande galvaudée de l’OLP sans distanciation, comme s’il s’agissait d’un discours factuel, n’est pas un bon service rendu au public par les journalistes.
Vous appréciez le travail de veille et d’information d’InfoEquitable ? Aidez-nous à le poursuivre en faisant un don déductible de vos impôts à hauteur de 66 % des sommes versées. Chaque geste compte ! Suivez aussi InfoEquitable sur Facebook et Twitter.
Auteur : InfoEquitable. Si vous souhaitez reproduire cet article, merci de demander ici une autorisation écrite préalable.