Le Fatah, parti qui contrôle l’Autorité palestinienne, a choisi d’ouvrir son congrès le 29 novembre, date anniversaire du plan de partage de la Palestine par l’ONU en 1947 que les Arabes refusèrent par refus de laisser s’établir un état juif. L’occasion pour la presse, AFP en tête, d’embrouiller le public quant à la vraie nature de ce parti, en présentant son président Mahmoud Abbas comme un « négociateur » en butte aux « colons » israéliens. Un autre pilier du mouvement, Marwan Barghouti, a carrément été promu comme le « Mandela palestinien » dans plusieurs médias. Il faut dire qu’un homme employé comme journaliste par l’AFP s’est même présenté aux élections du Fatah !
Le mensonge de la non-violence
Pour l’Agence France-Presse, Mahmoud Abbas « a de tout temps défendu la voie diplomatique et non-violente ». Ce mensonge, car ce n’est rien de moins, est énoncé dans l’article par lequel l’agence présentait les enjeux du congrès :
Il faut croire qu’il y a plusieurs Mahmoud Abbas. Celui de l’AFP ne peut être le même que celui qui a attisé les violences en cours depuis 2015 en annonçant :
Nous bénissons chaque goute de sang qui a été versée pour Jérusalem !
Ou alors, l’agence a une drôle de définition de la non-violence !
L’AFP a tenu à présenter Mahmoud Abbas comme un « négociateur » : un homme modéré, prêt – dans sa quête d’une « solution négociée » incluant nécessairement un Etat palestinien – à faire des concessions mais qui se heurte à la « colonisation » israélienne, un terme dont l’article est truffé.
Les colonies, point de fixation de l’AFP
Pour informer sur un événement politique palestinien interne, les différentes lignes politiques des candidats devraient être l’un des points principaux à couvrir mais l’agence a préféré ne pas s’attarder sur ces différences. Même la dépêche sortie à l’issue du congrès, indiquant les principales personnalités élues, ne recèle aucun détail quand à leurs orientations.
L’AFP suit fidèlement la politique du Quai d’Orsay qui ne manque jamais une occasion de rappeler que les « colonies » sont le principal obstacle à la paix au Proche-Orient.
Non seulement le terme « colonie », une mauvaise traduction de l’anglais « settlement », est mal choisi pour déterminer la présence juive sur une terre qui est le berceau historique du peuple juif, mais faire de cette présence la cause des problèmes de la région en ne disant mot sur la violence palestinienne verbale et physique à l’encontre d’Israël donne une vision biaisée du conflit.
La Judée-Samarie (Cisjordanie) a été gagnée par Israël légitimement en 1967 alors que le pays était attaqué simultanément par l’Egypte, la Syrie et la Jordanie. Insister sur la notion de « colonisation » est une manière de poursuivre la guerre déclenchée et perdue par les Arabes par d’autres moyens.
Un congrès tenu à une date symbolique
Le 29 novembre 1947 était adopté par l’ONU le plan de partage de la Palestine, qui ouvrait la voie vers la création d’un Etat juif et d’un Etat arabe.
Si les Juifs acceptèrent ce plan qui allait donner naissance à l’Etat d’Israël, les Arabes le refusèrent et déclenchèrent aussitôt une guerre en vue d’empêcher la création de cet état.
Désirant plus ardemment la destruction de l’Etat juif que l’obtention de leur propre Etat, les Arabes perdirent cette guerre. A cause de leurs propres actions, l’Etat arabe qui leur avait été accordé par le plan ne vit jamais le jour.
Dans un conflit classique, la partie militairement vaincue reconnaît sa défaite. Pas là. Les Arabes décidèrent par la suite de poursuivre leur but destructeur envers l’Etat juif par d’autres moyens, avec notamment la création du Fatah en 1959 et de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) en 1964, signant l’irruption dans l’histoire d’un tout nouveau « peuple palestinien ». Des mouvements dont le but était de « libérer » de « l’entité sioniste » la totalité de la Palestine du mandat britannique.
Le terrorisme devint un moyen de poursuivre la guerre, de même que ce que l’AFP appelle « l’internationalisation de la cause palestinienne » dont l’un des derniers avatars est l’instrumentalisation de l’ONU et de l’Unesco par la promotion de résolutions niant l’histoire juive aux fins de délégitimer Israël.
L’ONU se mobilise précisément chaque 29 novembre pour la « Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien » en soutien à un peuple qui n’existait pas le 29 novembre 1947, date restée chez les Arabes comme celle de leur refus d’un Etat juif. Cette année, le président de l’Assemblée générale des Nations unies, le Fidjien Peter Thomson, a même revêtu pour l’occasion une écharpe ornée du drapeau palestinien aux couleurs pan-arabes.
Le Fatah a donc choisi de tenir son congrès le même jour, comme un symbole de la poursuite de la phase du conflit déclenchée par les Arabes en 1947 (le conflit lui-même est, contrairement à ce qu’affirme Abbas pour faire porter le chapeau à Israël, bien plus vieux que 70 ans mais la souveraineté juive retrouvée a bien fait redoubler d’ardeur ceux qui n’acceptaient pas les Juifs) .
Parler du Fatah sans dire ce que c’est
Si l’AFP avait commencé par expliquer ce qu’est le Fatah, les lecteurs auraient vite baissé la garde. Mais l’agence a décrit le Fatah comme « la principale composante de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), reconnue internationalement comme représentant l’ensemble des Palestiniens » (les habitants de Gaza gouvernés par le Hamas ne feraient donc pas partie de « l’ensemble des Palestiniens » ?).
Une présentation si succincte laisse cependant songeur. L’emblème du Fatah est pourtant très explicite :
Une carte de la « Palestine » reprenant les contours de l’Etat d’Israël en entier, remplie de vert – couleur de l’islam – et cernée par une grenade et deux mains lourdement armées soutenues par les couleurs pan-arabes. Les instruments de la « voie diplomatique et non-violente » de Mahmoud Abbas !
Les mânes de Mandela abusées
Rien n’indique d’ailleurs que le Fatah se dirige vers plus de modération.
Mohammed Dahlan, un rival d’Abbas, a été écarté du congrès puis condamné – en son absence puisqu’il est exilé à Abu Dhabi – quelques jours après à trois ans de prison pour corruption par la justice… de l’Autorité palestinienne.
L’homme qui a obtenu le plus de voix (70%) au Comité central du Fatah composé de 18 membres est Marwan Barghouti, ce qui a permis à France Info et à France Inter de le présenter comme un possible successeur d’Abbas… mais aussi, en raison de son emprisonnement par Israël, de le surnommer le « Mandela palestinien ». Or Barghouti est, reconnaît l’AFP, un « partisan de la lutte armée contre les Israéliens » actuellement emprisonné par Israël pour sa responsabilité dans plusieurs assassinats et l’organisation d’un attentat à Tel Aviv. Un Mandela ? Là encore, certains médias ont une drôle de vision de la non-violence.
Un autre élu important du Comité central a été Jibril Rajoub, un homme au passé chargé qui utilise maintenant le sport comme une arme diplomatique. A la tête de la Fédération palestinienne de football et du comité olympique de Palestine, sa dernière tentative, qui a échoué, a été de mener une campagne pour faire exclure Israël de la FIFA.
Un journaliste de l’AFP au Comité central du Fatah ?
Nasser Abu Baker, employé comme journaliste par l’AFP, souhaitait lui aussi rejoindre le Comité central du Fatah. C’est ce qu’a dévoilé The Algemeiner sur la base d’informations du Committee for Accuracy in Middle East Reporting in America (CAMERA). Abu Baker voulait « réveiller les médias du Fatah, qui ont besoin d’être réveillés pour se consacrer en priorité à l’intérêt national et réorienter la boussole dans le sens de notre cause en direction de Jérusalem et du (droit au) retour ».
Selon CAMERA, Abu Baker préside également le Syndicat palestinien des journalistes, « une des forces principales en faveur du boycott des journalistes et médias israéliens ». C’est donc un activiste.
Abu Baker n’a pas été élu lors du congrès ; mais sa présence au sein de l’équipe de l’AFP pose de sérieuses questions quant à la neutralité de l’agence.
La haine est là pour qui veut l’entendre
Les médias français se sont bien gardés de dire que, pendant la durée du congrès, la télévision de l’Autorité palestinienne avait diffusé 11 fois une chanson du Fatah célébrant le terrorisme du mouvement et le meurtre d’Israéliens. « Tranche la poitrine de l’ennemi – tranche-la ! », « le serment est de libérer l’Etat des mains des Sionistes »…
Mahmoud Abbas a d’ailleurs réitéré lors du congrès son vœu de ne jamais reconnaître d’Etat juif – alors que c’est précisément ce qui distingue Israël.
Plus récemment encore, Palestinian Media Watch a révélé que le Fatah avait publié sur sa page Facebook une photo très explicite de la carte de la « Palestine » (incluant Israël), aux couleurs du drapeau palestinien et transformée en poignard visant le mot « colonie », avec une légende « La Palestine vaincra la colonie ». Après le vote ce 23 décembre par le Conseil de sécurité de l’ONU de la résolution 2334 demandant à la « Puissance occupante », Israël, de se retirer des « colonies de peuplement dans le Territoire palestinien occupé », le Fatah a rajouté une flaque de sang sous le poignard ainsi que les noms des 14 pays ayant soutenu cette résolution avec le mot « merci » . Outre les Etats-Unis de Barack Obama par leur abstention, des pays occidentaux ont prêté leur concours à cette mise en pratique de « l’internationalisation de la cause palestinienne » : parmi eux, la France et la Grande-Bretagne, qui ont bien courte vue s’ils pensent que ce genre de compromission amadouera les frères d’armes des terroristes palestiniens qui n’en ont pas que contre Israël.
Avec tout cela, les lecteurs francophones sont priés de croire que la « colonisation » est l’obstacle à la paix voulue par les Palestiniens…
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