« Pour la première fois de son histoire, Israël est dirigé par un gouvernement d’extrême-droite… » C’est ainsi que commence le Podcast du journal Le Monde, dont nous relevons régulièrement la radicalisation dans sa couverture de l’actualité en Israël.
Une fois de plus, la correspondante Clothilde Mraffko, bien connue des lecteurs d’InfoEquitable pour son travail à l’AFP puis au Monde, n’a pas failli à sa réputation et nous livre une lecture tendancieuse et militante de la réalité israélienne. Premier mensonge, attestant d’une ignorance flagrante du système politique israélien : ce n’est pas un « gouvernement d’extrême-droite » qui dirige Israël. C’est un gouvernement de coalition (comme tous les gouvernements israéliens depuis 1948 !) dans lequel siègent des partis de droite. La différence est de taille… (Le Monde aurait-il qualifié le gouvernement de « l’union de la gauche » de François Mitterrand de « gouvernement communiste » ?)
Dans la présentation de l’émission, la journaliste Morgane Tual élargit encore la cible, en parlant de « l’extrême-droitisation de la société israélienne et des tensions engendrées par cette situation inédite ». Ce procédé journalistique, consistant à qualifier le tout par la partie, relève d’une forme insidieuse de propagande. Il s’agit en effet de ce que le politologue Pierre-André Taguieff appelle l’élargissement de la « cible de la stigmatisation »1, qu’il définit comme un procédé rhétorique caractéristique du discours judéophobe.
Le podcast commence par relater la visite d’Itamar Ben Gvir sur le Mont du Temple (« l’esplanade des Mosquées » dans le lexique du Monde), que la présentatrice présente comme le « premier acte du gouvernement Nétanyahou ». Au passage, Ben Gvir est qualifié de « Juif revendiqué » (faut-il y voir une expression péjorative ?). Interrogée par sa consœur Morgane Tual, Clothilde Mraffko explique que « ces dix-vingt dernières années, on a eu plusieurs gouvernements [israéliens] qu’on a déjà qualifiés de “gouvernement les plus à droite d’Israël ”, donc là c’est le dernier gouvernement le plus à droite d’Israël, il est tellement à droite qu’il est d’extrême-droite »… En écoutant cette explication, on a presque envie de rire, car cela rappelle un sketch de Coluche sur la lessive qui lave « plus blanc que blanc »… Oui, plus à droite que la droite ça s’appelle l’extrême-droite, merci Clothilde Mraffko de le rappeler !
« La seule différence », surenchérit-elle, « c’est qu’aujourd’hui le gouvernement est complètement à droite », car il s’agit d’une coalition entre « le parti conservateur de Nétanyahou », les partis ultra-orthodoxes (« ultrareligieux juifs ») et les « ultra-nationalistes suprémacistes juifs qui sont à l’extrême de l’extrême-droite de l’échiquier politique ». Le clou est enfoncé. Dans la suite du podcast, Clothilde Mraffko explique que Ben Gvir est « un populiste à la Bolsonaro ou à la Trump, mais encore plus à droite » (pour ceux qui n’auraient pas encore compris…) La preuve ? « Dans son discours il revendique l’identité juive » (c’est mal !). Mme Mraffko relate l’itinéraire de Ben Gvir, non sans commettre quelques fautes de prononciation (ainsi, Meir Kahana devient dans sa bouche « Mer Kahané » et la halacha devient la « halara »). Elle reconnaît au passage que Ben Gvir a « un peu lissé son discours », et qu’il « essaie de dire qu’il n’est plus l’héritier de Kach », mais rappelle aussitôt qu’il a « levé un revolver dans le quartier de Sheikh Jarrah » (sa prononciation des mots arabes est pour le coup, excellente ! – écoutez la différence :).
Le podcast se poursuit par de longues explications sur le Mont du Temple, avec un rappel de la visite d’Ariel Sharon sur « l’esplanade des Mosquées » qui, aux dires de Clothilde Mraffko, aurait « déclenché la seconde Intifada » (celle-ci avait en réalité été préparée par Yasser Arafat bien avant la visite de Sharon sur le Mont du Temple). « On voit donc bien que la visite d’Itamar Ben Gvir n’est pas innocente ». Phrase clé : dans la vision du monde de Clothilde Mraffko, où l’ignorance le dispute au parti-pris, les Israéliens ne sont jamais innocents… « Il y va dans un geste provocateur dont il a pleinement conscience des conséquences possibles ». Pourtant, sa visite s’est faite en catimini, sans aucun journaliste, ce qui explique qu’il « n’y ait pas eu de contre-manifestation des Palestiniens ».
Cette analyse laisse songeur… Si la visite de Ben Gvir était une provocation, alors pourquoi venir en catimini ? Le fait de venir en catimini montre bien qu’il ne voulait pas attiser de confrontation, n’est-ce pas Mme Mraffko ? A moins que la seule présence de Juifs sur le Mont du Temple soit une « provocation » ? Fort heureusement, la communauté internationale a réagi vigoureusement en convoquant une réunion en urgence du Conseil de Sécurité, qui n’a comme chaque lecteur du Monde le sait bien pas d’autre chat à fouetter que d’intervenir contre les « provocations juives » sur le Mont du Temple !
« Comment en est-on arrivé à ce gouvernement d’extrême-droite » ? interroge la présentatrice. Clothilde Mraffko explique que Nétanyahou a « besoin d’une forte majorité pour faire passer sa réforme de la justice » (léger rire) et pour « se garantir une immunité dans son procès ». (En vérité, le projet de réforme judiciaire est bien antérieur au procès intenté à B. Nétanyahou). Mraffko affirme encore que Nétanyahou est un « fin stratège », mais aussi qu’il est aussi « très à droite ». La preuve : il est « pro-colonisation », « il a été l’artisan du non-dialogue avec les Palestiniens » et il s’est même « durci sur la ligne suprémaciste » [sic] en faisant voter la Loi sur l’Etat nation du peuple juif qui « proclame le droit à l’auto-détermination uniquement pour les Juifs ». Aux dires de Mraffko, cette loi (qui ne fait en réalité que réaffirmer les principes de la Déclaration d’Indépendance d’Israël) « confirme la suprématie juive, hein ! » en « classant les Palestiniens comme des citoyens de seconde classe ».
Le podcast se termine par l’évocation des manifestations actuelles en Israël contre le gouvernement. Les manifestants ont « peur de voir un Etat religieux prendre le dessus » et les « ultra-orthodoxes imposer leur loi », explique Mme Mraffko. La bonne nouvelle, conclut-elle presque joyeusement, c’est que grâce à ce gouvernement, affirment certains Palestiniens avec cynisme, « on ne va plus croire que le gouvernement israélien n’est pas raciste ». Effectivement, et ce podcast va grandement y contribuer ! Merci Clothilde Mraffko d’avoir éclairé les auditeurs du Monde sur le « gouvernement le plus à droite » de tous les « gouvernements les plus à droite » d’Israël !
1 P.A. Taguieff, La judéophobie des Modernes, Odile Jacob 2008 p 261.
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danielka / 28 février 2023
le m…..onde? connais pas .
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madredios / 6 mars 2023
Mais; qui lit encore l’Immonde ?
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