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Que faut-il attendre de la Conférence de Paris sur le Proche-Orient ?

75 pays et organisations internationales se réunissent aujourd’hui à Paris. Israël craint que cette conférence soit le prélude à une nouvelle campagne diplomatique hostile.

La Conférence de Paris ne va durer qu’une journée.

A en croire ses initiateurs, son objectif est de sauver la paix au Proche-Orient et de réaffirmer leur volonté d’aboutir à une solution basée sur deux Etats, israélien et palestinien. Rien de moins.

Mais on le sait déjà, le communiqué final (dont l’une des versions a été publiée le 11 janvier par InfoEquitable) ne devrait formuler aucune idée réellement nouvelle pour parvenir a débloquer les négociations entre Israéliens et Palestiniens.

De l’avis général, c’est une « conférence symbolique » qui se tient aujourd’hui dans la capitale française. Traduisez, dont il ne sortira rien, ou pas grand-chose.

François Hollande lui-même a reconnu qu’il demeurait « lucide » sur les ambitions de la réunion. Lors de ses vœux au corps diplomatique, jeudi dernier, le président français a souligné que seuls des négociations bilatérales pourraient in fine déboucher sur une solution :

La paix, elle sera faite par les Israéliens et les Palestiniens, et par personne d’autre. Seules des négociations bilatérales peuvent aboutir.

Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, se défend lui aussi de toute intention « d’imposer la paix ». Dans une tribune publiée samedi 14 janvier dans Le Monde, le chef de la diplomatie française multiplie les propos rassurants :

Amis israéliens, amis palestiniens, nous ne ferons pas la paix à votre place mais nous serons à vos côtés. C’est notre responsabilité devant l’Histoire. Nous serons là pour vous accompagner. Vous savez comme nous que le concours de la communauté internationale sera, le moment venu, indispensable. Nous y sommes prêts. 

La Conférence de Paris est-elle alors une simple réunion amicale ? Une rencontre entre pays civilisés désireux de proclamer leur attachement à une solution pacifique et équilibrée du conflit israélo-palestinien ?

A Jérusalem, on ne semble pas être de cet avis.

Les Israéliens qui ont refusé l’invitation de venir à Paris ont multiplié ces derniers jours les déclarations pour dire toute la défiance que leur inspire la conférence organisée par la France.

Jeudi dernier, Benyamin Netanyahu a de nouveau justifié son refus de participer à la conférence :

Cette conférence est une imposture palestinienne sous les auspices de la France et destinée à prendre encore plus de positions anti-israéliennes. Cela fait reculer la paix, et nous ne serons pas liés par les résultats.

Rajoutant une petite pique, Benyamin Netanyahu a tourné en dérision la portée de l’événement :

Cette conférence est une relique du passé, un ultime soubresaut du passé avant l’avènement de l’avenir

a-t-il ajouté en faisant une allusion très claire à la prochaine investiture du nouveau président américain Donald Trump.

En revanche, côté Palestinien, on applaudit l’initiative française.

Dans une interview au Figaro de ce samedi 14 janvier, Mahmoud Abbas décerne un satisfecit à François Hollande et à la diplomatie française.

Je souhaite d’abord remercier la France, qui apporte avec cette initiative une contribution importante à la paix et à la sécurité. Nous aimerions que cette conférence accouche d’un mécanisme international assorti d’un calendrier pour conduire les négociations et mettre en Å“uvre l’accord qui en résultera, avec l’objectif de mettre fin à l’occupation y compris à Jérusalem-Est. Il doit s’appuyer sur le droit international, les résolutions des Nations unies et la vision de deux États sur la base des frontières de 1967. En tant que Palestiniens, nous disons: «Ça suffit.» Après 70 ans d’exil et 50 d’occupation, 2017 doit être l’année de la justice, de la paix et de la liberté …

a déclaré le président Palestinien qui se refuse à toute concession.

 

Décryptage

Manifestement, les déclarations de Mahmoud Abbas indiquent que la Conférence de Paris est bel et bien alignée sur les positions des Palestiniens.

Même s’il ne risque pas de sortir grand-chose de cette conférence, les Israéliens craignent qu’elle ne serve de déclencheur à une nouvelle série d’initiatives hostiles, notamment aux Nations unies.

Mardi prochain, 17 janvier, le Conseil de sécurité doit se réunir à nouveau pour discuter du conflit israélo-palestinien. Selon certaines sources diplomatiques, Israël pourrait se trouver une fois de plus en position d’accusé.

Nous assistons à une tentative de promouvoir une initiative de dernière minute avant la prise de fonction de la nouvelle administration américaine. Les partisans des Palestiniens cherchent d’autres mesures anti-israéliennes au Conseil de sécurité

a confié l’ambassadeur d’Israël aux Nations-Unies Danny Danon.

Selon plusieurs sources, cette initiative pourrait se concrétiser par une reconnaissance de « l’Etat de Palestine » par le Conseil de sécurité « dans les frontières de 1967 ». C’est en tout cas ce à quoi s’emploient activement les partisans des Palestiniens à l’ONU.

Pour toutes ces raisons, il ne peut rien sortir de bon de la Conférence sur le Proche-Orient qui se tient aujourd’hui à Paris.

Tout au long de la journée et des jours qui suivront, InfoEquitable vous tiendra informés des résultats de cette conférence et de ses développements.

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Image : capture d’écran Youtube – ministère des Affaires étrangères

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