Depuis décembre 2017, un nouveau venu attire un public grandissant sur les réseaux sociaux francophones : AJ+. Derrière ces initiales anonymes et discrètes, Al Jazeera, qui se garde bien de mettre en avant un nom qui pourrait susciter la méfiance. Sous couvert de s’adresser aux préoccupations de la jeunesse progressiste, la chaîne qatarie distille habilement des clips pour promouvoir son idéologie auprès de cette cible. Au menu, le port du voile et, bien sûr, la cause palestinienne.
70,000 personnes suivent déjà la nouvelle version francophone d’AJ+ sur Facebook. Une paille à côté de ses 10.6 millions de fans en anglais. D’autres plateformes – Twitter, Instagram, YouTube – complètent l’offre selon les langues.
Voici comment ce nouveau média se présente :
AJ+ français est un média inclusif qui s’adresse aux générations connectées et ouvertes sur le monde. Eveillé·e·s. Impliqué·e·s. Créatif·ve·s.
Un produit qui se veut en phase avec les attentes de la jeunesse occidentale progressiste.
L’identité graphique évite soigneusement de montrer qu’un émirat autoritaire, propagateur de l’islam radical depuis des années, se cache derrière les anonymes lettres A-J.
Sont distillés des sujets sur la mode, le cinéma, la musique populaire…
ou la protection de l’environnement :
Et AJ+ défend les opprimés :
les femmes…
les LGBT (AJ+ fustige, sans rire, une loi russe sur la « propagande homosexuelle » alors que l’homosexualité est illégale et passible de prison au Qatar)…
les victimes de racisme…
les « migrants »…
les mal-logés…
les Juifs, même, si l’occasion se présente…
Compatir pour les Juifs tués par les nazis permet de faire croire aux naïfs que l’on n’est pas antisémite; mais ce n’est pas incompatible avec la nouvelle forme d’antisémitisme qui consiste à diaboliser l’Etat juif en le dépeignant comme le nouveau nazi face aux Palestiniens opprimés, ce qu’AJ+ sait faire comme nous allons le voir. La « cause palestinienne » est en effet un thème privilégié de la chaîne. Voici quelques uns de ses posts.
On y trouve l’incontournable Ahed Tamimi, cette jeune Palestinienne élevée par sa famille pour provoquer les soldats israéliens devant les caméras en espérant les pousser à la bavure et qui attend son jugement pour douze chefs d’accusation, dont incitation au terrorisme (dans cet appel explicite à commettre des attentats pour « libérer la Palestine »)…
le terroriste Salah Hamouri…
ou tout ce qui peut être utilisé pour diaboliser les « colons » juifs – bien sûr sans jamais montrer le moindre attentat commis par des Palestiniens :
La chaîne qatarie a aussi à coeur de rendre le port du voile acceptable aux yeux de la jeunesse européenne. Elle était emballée lorsque L’Oréal a choisi un mannequin voilé pour vendre des shampoings (avant de faire marche arrière après que des tweets haineux de la jeune femme contre Israël aient été rendus publics)…
et met en avant des femmes voilées épanouies :
6 minutes de propagande : « Imaginez que l’on débarque chez vous »
Si les autres thèmes sont traités au hasard de l’actualité, la « cause palestinienne » ne cesse de revenir sur le devant de la scène. Et c’est sur ces publications que la chaîne réalise la plupart de ses meilleurs scores.
Le clip « Israël-Palestine : moins de 6 minutes pour comprendre 70 ans de conflit » en est un bon exemple. Il a réalisé en une semaine plus de 650,000 vues sur Facebook et 45,000 sur Twitter. Et c’est un concentré de mensonges. Un modèle de propagande. Suivez-nous pour la démonstration.
La vidéo commence par un petit dessin animé.
La petite tour Eiffel et l’image de ce sage couple bien de chez nous aident les Français progressistes à s’identifier au narratif :
Imaginez que l’on débarque chez vous, que l’on s’installe dans votre salon, et que progressivement on grignote un peu plus de votre espace pour vous laisser qu’un tiers de votre chambre ou pire qu’on vous expulse ? Et gare à vous si jamais vous protestez. Et bien c’est ce qui arrive aux Palestinien.ne.s depuis 70 ans.
« Palestinien.ne.s ». On est progressiste, chez Al Jazeera ! Et puisqu’on est progressiste, croyez-nous : Israël et les Juifs sont des usurpateurs, des voleurs. Puisqu’on vous le dit !
Puis, c’est la leçon d’histoire. La présentatrice revient « au tout début, à la fin de la Première Guerre mondiale ».
Cela fait juste 100 ans.
Elle parle pourtant d’un territoire situé entre l’Egypte des Pharaons et le croissant fertile, qui fut le creuset des plus anciennes civilisations de l’humanité. On y note, il y a 3000 ans, l’apparition d’un certain peuple juif. Mais l’histoire, en version qatarie, commencera donc en 1918, sous l’Empire ottoman.
La Palestine est placée en 1920 sous mandat britannique :
AJ+ plante le drapeau britannique sur les frontières de la Palestine… de 1922, lorsque 77% de la superficie du mandat originellement dévolu par la Grande-Bretagne à la constitution d’un foyer national juif en fut retranché pour devenir l’Emirat de Transjordanie, future Jordanie.
Puis intervient le journaliste français d’extrême-gauche Alain Gresh (connu pour sa promotion de gens comme le Frère musulman Tariq Ramadan; très Al Jazeera-compatible). Pour lui, le conflit remonte à la déclaration Balfour de 1917 qu’il présente comme la porte ouverte à « l’installation d’une population étrangère en Palestine ». Toujours rien sur les trois précédents millénaires d’histoire qui ont vu une présence juive continue sur cette terre, la conquête islamique en l’an 637 et, beaucoup plus tard, des arrivées massives de populations musulmanes en provenance des quatre coins de l’Empire ottoman.
Il saute directement au plan de partage de 1947 et nous dit que ce « remplacement par une autre population eut un effet sur les Palestiniens qui se révoltèrent ».
Si Alain Gresh avait consulté InfoEquitable, nous lui aurions appris que les Juifs acceptèrent le plan de partage des 23% restants de la Palestine mandataire (souvenez-vous, le reste avait été attribué à la Transjordanie en 1922); les Arabes, eux (dont aucun ne se définissait alors comme un « Palestinien »), le refusèrent, et les armées coalisées des pays arabes voisins fondirent sur l’Etat d’Israël pour l’anéantir dès le lendemain de son indépendance. Ils perdirent cette guerre mais la Transjordanie occupa (oui, occupa) ce qui devint la « Cisjordanie » de 1949 à 1967 et en expulsa tous les Juifs.
1967, donc. La guerre des Six-jours « oppose Israël à ses voisins arabes. L’Egypte, la Syrie et la Jordanie. Israël qui sort vainqueur de cette guerre s’approprie plusieurs territoires ». Qui a provoqué la guerre ? AJ+ passe sur le sujet comme chat sur braise. Rien sur les actions des pays arabes qui avaient massé leurs armées aux frontières de l’Etat juif en annonçant haut et fort vouloir le détruire, rien sur le casus belli créé par Nasser qui avait bloqué l’accès à la Mer rouge. Des omissions qui ne choqueront sans doute pas le public car de nombreux autres médias les font : mais elles servent justement à faire d’Israël le coupable de guerres qu’il a menées pour se défendre.
Intervient alors une obscure « consultante israélienne en droits humains » (rien de mieux pour délégitimer un pays que de trouver l’un de ses citoyens en proie à la haine de soi et prêt à le dénigrer).
Talya Sultana Swissa parle des résolutions de l’ONU condamnant l’une des deux parties du conflit (devinez laquelle, et demandez-vous combien de pays musulmans comporte l’ONU et combien de pays juifs). « En 1967, Israël a annexé Jérusalem-Est, ce qui constitue une violation des droits de l’homme », lance-t-elle à la cantonade. Quand la France a réintégré l’Alsace et la Lorraine après avoir gagné la guerre déclenchée par l’Allemagne, c’était quoi ? Et quand la Jordanie a annexé cette même moitié de la ville, en la coupant pour la première fois en deux, c’était quoi ?
Il y aurait pire : Israël a « révoqué le statut de résident de 15,000 Palestiniens de Jérusalem-Est ». Pour l’analyste, c’est un « crime de guerre »… InfoEquitable a retrouvé la source de cette information : un rapport de Human Rights Watch. Sans entrer dans les considérations techniques, le lecteur curieux aura tout intérêt à lire le passage intitulé « Révocations de permis en tant que mesures punitives » : il y trouvera l’exposition de cas de terroristes dont Israël a effectivement révoqué le statut après qu’ils aient tué des Israéliens. Punir des assassins, crime abominable… Les Yazidis massacrés par l’Etat islamique en Syrie pourraient témoigner de ce qu’est vraiment un crime de guerre, mais ils sont moins populaires que les Palestiniens auprès des éditeurs d’AJ+.
Arrive alors le plaidoyer pour la « solution à deux Etats » (qui existerait si les Arabes n’avaient pas envahi la Palestine après le partage de 1947 ou refusé plusieurs plans de paix, mais cela, AJ+ ne le dira pas).
« Gros problème », nous dit-on, « Israël (…) ne reconnaît aucune frontière, puisque son projet est de s’étendre ». Le Juif avide, vieux cliché anti-juif… Au fait, où se projet serait-il écrit ? En guise de s’étendre, Israël s’est déjà retiré du Sinaï, du Sud-Liban, de Gaza…
Et cette carte classique de la propagande palestinienne fait croire qu’il y avait un état arabe de Palestine en 1946. Il s’agissait bien sûr du mandat britannique. Elle ne dit pas non plus que les confettis de l’image de droite, les zones B et C sous contrôle civil de l’Autorité palestinienne depuis les accords d’Oslo conclus avec Israël, sont les tous premiers territoires « palestiniens » de l’Histoire : une concession d’Israël et non l’inverse.
Aux Etats-Unis, la chaîne MSNBC qui l’avait un jour utilisée a retiré cette carte en présentant ses excuses, reconnaissant qu’elle était « factuellement inexacte. »
Sans surprise, la « consultante israélienne » enchaîne avec les immuables arguments de l’occupation israélienne (avec un parti pris évident puisque l’occupation de 1949 à 1967 par la Jordanie, qui n’avait elle aucune légitimité historique sur le territoire aujourd’hui disputé, n’est pas citée) et de la « colonisation » (il y a 2000 ans, la région s’appelait Judée d’après le nom du peuple juif qui y vivait; mais faire commencer l’Histoire au XXe siècle permet de ne pas s’encombrer de ces faits qui révèleraient l’absurdité du terme de « colonisation »).
La présentatrice accuse Israël « d’annexer des territoires alors que c’est illégal et condamné par l’ensemble de la communauté internationale ». Elle ne dira pas de quels territoires elle parle. Jérusalem, qui n’avait été divisée que sous l’occupation jordanienne, et le plateau du Golan ont bien été annexés après que la Jordanie et la Syrie aient été vaincues lors de la guerre des Six-jours qui coupa court à leurs plans de destruction de l’Etat d’Israël. Les autres territoires conquis en 1967 ne l’ont pas été, pour une raison bien simple, l’existence des accords d’Oslo totalement passés sous silence. Ce sont, jusqu’à aujourd’hui, ces accords qui déterminent les liens entre Israéliens et Palestiniens. Même la zone C de Judée Samarie (Cisjordanie) sous administration civile israélienne d’après ces accords n’a, à ce jour, pas été annexée par Israël.
Et on arrive inévitablement à ce que les anglophones appellent le « call to action » : l’appel aux sanctions et à la pression économique contre Israël, conformément (mais sans la nommer) à la campagne « BDS » de « Boycott, Désinvestissement, Sanctions » dont les fondateurs, reprenant les anciens boycotts anti-Juifs de l’Allemagne nazie, puis de la Ligue arabe, ont pour véritable objectif la fin d’Israël en tant qu’Etat juif (quitte à commettre un génocide contre sa population). C’est l’existence de cet Etat qui leur est inacceptable, pas juste sa politique.
La militante-consultante insiste encore sur les « crimes de guerre » supposément commis par Israël et répréhensibles par la Cour pénale internationale, cette fois lors de la dernière guerre de Gaza de 2014 : elle ne dit pas qui a provoqué la guerre (le Hamas, branche des Frères musulmans auxquelles est liée… Al Jazeera, qui avait arrosé les civils israéliens avec des roquettes pendant des mois, puis été à l’origine du kidnapping et de l’assassinat de tous jeunes auto-stoppeurs israéliens); et comme elle ne parle pas du Hamas, elle ne peut pas expliquer que ses combattants se cachaient dans des écoles et des hôpitaux, et qu’Israël a contrario avait pris des mesures inédites pour prévenir la population de Gaza avant chaque bombardement, pour minimiser les pertes civiles même chez l’ennemi.
La vidéo à charge contre Israël se conclut : « Est-ce que certains états ne sont pas au-dessus du droit international ? Et jusqu’ou la communauté internationale laissera Israël s’étendre ? »
Des mots qui rappellent de mauvais souvenirs, surtout venant d’une chaîne émanant d’un pays qui se veut le porte-voix d’un monde arabo-musulman qui s’est étendu de l’Océan atlantique à l’Océan pacifique par la conquête.
Les effets de la propagande
Les passions se déchaînent bien évidemment après une présentation qui a utilisé toutes les ficelles, même les plus malhonnêtes, pour susciter du ressentiment contre Israël.
Quelques internautes font part de leur opposition mais les commentateurs antisémites s’en donnent à coeur joie.
Al Jazeera a bien réussi à attiser les passions. Les gens qui parlent des Rothschild maîtres du monde ou du lobby sioniste n’ont que faire de la politique d’Israël : ce sont les Juifs qu’ils haïssent et les Palestiniens ne sont que leur faire-valoir.
Chers lecteurs, soyez vigilants. Si vous voyez un sujet émouvant signé « AJ+ » sur la lutte contre la déforestation ou la survie des Indiens d’Amazonie, faites bien attention à la source avant de partager. Ces nobles causes ne sont utilisées que comme paravent pour faire avancer une idéologie qui n’a rien de progressiste. Et si les Juifs seront les premiers à en faire les frais, tous les Français devraient se sentir concernés. A moins d’accepter, un jour, de voir s’instaurer des normes sociales oppressives lorsque le vernis progressiste ne sera plus nécessaire.
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דוב קרבי dov kravi / 4 février 2018
Le Déconnex du Monde doit lui donner satisfecit.
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Ixiane / 5 février 2018
Il n’y a qu’une réalité : La Palestine a été juive, bien avant que l’islam fût né et sans aucun doute elle restera juive jusqu’à la fin des temps : du moins pour ce qu’on lui a laissé, les 25 % de sa Palestine, de la Mer au Jourdain !
Et arrêtez dans votre ignorance de parler de colonisation !!! Chaque Pays a le droit de construire des colonies d’habitations sur SA TERRE, parce que LA JUDEE SAMARIE était, est, et restera la TERRE des Hébreux !!
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