Israël, affirme l’experte en géopolitique de France 24, ne serait « même pas venu voter » au Conseil de sécurité. Seul hic ? Le pays n’est pas membre de cette institution.
Samedi 26 février, C dans l’air s’est penchée sur le sujet du moment : l’invasion russe en Ukraine.
Spécialisée en géopolitique, stratégie, défense, histoire des religions au Moyen-Orient et en Afrique, l’éditorialiste en politique internationale Armelle Charrier a signalé la non-participation israélienne à un vote du Conseil de sécurité de l’ONU sur un projet de résolution visant à condamner l’offensive russe.
L’experte de France 24 informe ainsi les téléspectateurs qu’en plus du véto russe et des abstentions chinoise, indienne et émiratie, « il y a eu aussi un grand absent, qui n’est même pas venu voter parce qu’il ne voulait pas avoir de problème avec les Russes, ce sont les Israéliens » (à partir de 1mn14 dans la séquence ci-dessus).
Pour expliquer l’absence israélienne, la spécialiste avance : « Pourquoi ? Tout simplement parce que aujourd’hui quand [les Israéliens] combattent le Hezbollah et quand ils combattent l’Iran, ils le font par un pays qui s’appelle la Syrie, et ils le font en accord avec les Russes; c’est à dire que les Russes ferment les yeux sur leurs opérations. Donc forcément ils se parlent ».
A la source de la confusion
C’est vrai, la diplomatie israélienne tente ces jours-ci un numéro d’équilibriste, tiraillée entre la pression de l’allié américain pour s’opposer à la Russie, et le besoin de ménager cette Russie qui contrôle l’espace aérien syrien mais permet toutefois à Israël d’y intervenir pour contrecarrer les agissements de l’Iran et des ses affidés, tels le Hezbollah.
Armelle Charrier aurait toutefois pu préciser que c’est l’Iran qui combat Israël en implantant des soldats et des armes en Syrie dans l’espoir de nuire à l’Etat juif, lequel se défend en oblitérant régulièrement les installations iraniennes en Syrie.
Toujours est-il que oui, les Américains ont demandé à Israël – et à des dizaines d’autres pays non membres du Conseil de sécurité – de coparrainer le projet de résolution anti-russe. Israël, soucieux il est vrai de maintenir de bonnes relations avec les maîtres du ciel syrien, a refusé d’apporter ce soutien informel.
Eut-il été accordé, le coparrainage n’aurait toutefois pas équivalu à un vote.
Le vote, au Conseil de sécurité de l’ONU, appartient aux 5 membres permanents ainsi qu’à 10 autres membres qui siègent temporairement au Conseil, élus pour deux ans.
Or il est difficilement concevable qu’une experte en géopolitique l’ignore : Israël ne fait pas partie des membres du Conseil de sécurité. Il lui aurait donc été bien difficile de prendre part au vote !
Dans le contexte actuel qui voit les médias prendre largement partie pour l’Ukraine depuis que les hostilités ont éclaté, il est difficile de percevoir l’annonce de cette supposée « absence israélienne » lors du vote onusien autrement que comme un reproche adressé aux dirigeants de l’Etat juif.
Chaque éditorialiste a tout loisir de critiquer – même implicitement – les autorités étrangères, qu’elles soient russes, ukrainiennes ou israéliennes. Encore faut-il le faire en retranscrivant fidèlement les faits.
C dans l’air aura sans nul doute l’occasion de revenir sur la crise ukrainienne ces prochains jours. L’émission rectifiera-t-elle l’information erronée qu’elle a laissée circuler ?
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Auteur : InfoEquitable
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