Un démenti israélien sur de graves accusations de destruction de structures censées servir à soigner les malades palestiniens du coronavirus avait été émis plusieurs jours avant la diffusion du reportage sur les ondes de RFI et France Inter. La radio publique a pourtant insisté sur les accusations sans informer les auditeurs sur le démenti.
Plusieurs antennes de Radio France ont diffusé des variantes d’un reportage sur les Palestiniens : RFI le 16 avril et France Inter le 20 avril (à écouter à partir de 6 mn 30). Angle choisi : le coronavirus, bien évidemment.
Mais les auditeurs n’ont pas été informés des importants effort entrepris par Israël pour assurer notamment la livraison de matériel (kits de test, masques…) à l’Autorité palestinienne.
C’est au contraire une litanie de reproches contre Israël qui ont été relayés par la correspondante de Radio France, Alice Froussard, dans ce reportage militant culminant par un « appel à une réaction de la communauté internationale » contre Israël qui mettrait supposément en danger la santé des Palestiniens.
Tout cela va parfaitement dans le sens de la propagande palestinienne qui, héritière d’une longue tradition anti-juive, a dès le début récupéré la crise du coronavirus pour dépeindre Israël comme un allié objectif du virus contre les Palestiniens. Le Premier ministre de l’Autorité palestinienne, Mohammed Shtayyeh, a d’ailleurs lui-même repris à son compte ce discours toxique (une part sombre de cet homme politique qu’a occultée Alice Froussard dans le portrait admiratif qu’elle a dressé de lui sur les ondes de France Inter le 29 avril…).
L’une des accusations phares du reportage est déjà avancée par le présentateur du journal de France Inter en introduction. Après avoir évoqué un « confinement politique » des Palestiniens, Sébastien Laugénie affirme que « des dizaines de structures médicales ont notamment été détruites ces derniers jours par l’armée israélienne ».
La source principale de ces accusations est l’ONG B’Tselem.
Le porte-parole de l’organisation s’exprime d’entrée par l’entremise d’Alice Froussard : « Deux tentes qui servaient d’hôpitaux de fortune, des maisons alors que les habitants doivent être confinés, des installations pour avoir accès à l’eau, depuis le début du coronavirus les autorités israéliennes ont détruit près de 70 structures dans les territoires palestiniens, explique Amit Gilutz, porte-parole de B’Tselem ».
Des accusations rejetées par Israël avant la diffusion du reportage
Le reportage a donné la parole à trois intervenants membres d’organisations toutes fermement opposées à la politique d’Israël (B’Tselem, Al Shabaka et le Conseil norvégien pour les réfugiés) sans laisser entendre aucun point de vue contradictoire.
Or les accords d’Oslo ont confié la gestion des permis de construire dans la zone C où se trouvent les structures en question au Cogat, autorité israélienne en charge de l’administration civile des territoires disputés.
Ce que la correspondante de Radio France n’a pas dit, c’est que dès le 28 mars, le Cogat avait déjà opposé un cinglant démenti aux accusations de B’Tselem.
Comme l’a rapporté i24News, le Cogat a accusé l’ONG de « faire le choix d’exploiter une crise mondiale pour diffuser de fausses nouvelles », précisant :
Le Cogat affirme que la structure démolie était «un avant-poste construit illégalement et sans permis par un résident de Bardala», un village situé au nord-est de Naplouse, en Cisjordanie. «Ni l’Autorité palestinienne, ni aucune autre organisation mondiale n’ont demandé à ériger un centre de traitement pour les patients atteints du Covid-19».
« L’accusation sans preuve » et « la non vérification des faits » sont considérés comme faisant partie des « plus graves dérives professionnelles » par la charte d’éthique professionnelle des journalistes de Radio France.
Alice Froussard a pourtant clairement relayé les accusations de B’Tselem sans preuve ni vérification après qu’elles aient été réfutées par le Cogat.
Or tout journaliste bien informé sur la région sait que le Cogat est l’autorité à consulter pour obtenir le point de vue officiel israélien sur tous les sujets touchant à l’administration civile de la Judée-Samarie / Cisjordanie. Il est donc difficilement concevable qu’Alice Froussard n’ait pas eu connaissance de la position de cette instance avant de rédiger son sujet.
Pour quelle raison le démenti formel de l’autorité israélienne a-t-il été passé sous silence dans le reportage ?
N’y a-t-il pas là une violation de la propre déontologie affichée par Radio France ?
Il nous paraîtrait judicieux que le point de vue du Cogat soit ajouté au reportage.
Contactée à cet effet par InfoEquitable, la médiatrice de Radio France n’a pour le moment pas jugé utile de nous répondre.
Mise à jour du 7 mai 2020 : réponse de Jean-Marc Four, directeur de la rédaction internationale de Radio France, transmise par la médiatrice
Bonjour,
Jean-Marc Four, Le directeur de la rédaction internationale de Radio France vous répond :
- L’ONG B Tselem citée dans le reportage et qui émet des accusations contre l’armée israélienne est une association israélienne basée à Jérusalem et composés d’israéliens juifs, donc qui peut difficilement être qualifiée de s’inscrire dans une « tradition anti juive »
- Les trois instances interviewées dans le reportage sont indépendantes les unes des autres ; et le conseil norvégien des réfugiés est une ONG mondiale qui travaille avec l’ONU, non orienté politiquement
- Le Cogat auquel le mail fait référence est une émanation directe de l’armée israélienne, et l’administration des territoires palestiniennes est plus militaire que civile
- Le portrait n’avait rien « d’admiratif » à notre sens ; c’était un constat sur le fait que cette personnalité peu connue auparavant a gagné en notoriété depuis le début de la pandémie
- Mais surtout, la réponse la plus importante est celle-ci : il s’agit d’un reportage effectué au sein des territoires palestiniens où l’on entend donc un point de vue palestinien, ce qui est logique. De la même manière, les chaines de Radio France diffusent plein de reportages côté israélien où l’on n’entend que des Israéliens ce qui est logique de la même manière ; au bout du compte, nous diffusons d’ailleurs probablement davantage de reportages côté israélien que côté palestinien. Un reportage effectué d’un côté du mur est par définition effectué d’un côté du mur et pas de l’autre, a fortiori en cette période de virus où les journalistes ne sont pas autorisés par l’armée à aller et venir librement entre les deux côtés.
cordialement
Jean-Marc Four
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madredios / 28 novembre 2020
Alice Froussard, encore et toujours cette journamerde à piedestaliser les cisjordanens mendiants et pleurnicheurs ?
« Palestine » = un mensonge de 70 ans et…..qui dure, qui dure, qui duuuuuuure.
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