Une seule affaire, trois versions différentes, selon les dépêches en français, anglais et arabe diffusées par l’Agence France-Presse. Certaines réalités historiques essentielles sont tronquées, toujours dans le but d’accabler Israël.
En ce début d’année, l’Agence France-Presse (AFP) a choisi de nous conter l’histoire d’une famille palestinienne de Jérusalem-Est menacée d’expulsion (dépêche reprise ici par le quotidien libanais francophone L’Orient Le Jour).
Après des années de procédure, la famille Rajabi va devoir quitter l’immeuble qu’elle occupe depuis 1964 à Silwan, un quartier de la ville sainte. Le tribunal de Jérusalem a donné raison à l’association Ateret Cohanim qui est parvenue à démontrer documents à l’appui que la maison appartenait à une famille juive, qui y habitait depuis le 19e siècle avant d’en être évacuée avec les autres familles juives du quartier durant la Grande révolte arabe en 1938 sur ordre des autorités britanniques, considérant que leur sécurité ne pouvait plus être assurée.
La famille juive ne put jamais revenir et, après la conquête de la partie orientale de Jérusalem par l’armée jordanienne 1948, elle fut dépossédée de sa propriété qui fut revendue à des tiers arabes.
La dépêche de l’AFP rapporte ces précisions historiques de manière fort curieuse.
Ce passage est d’une grande imprécision et comporte en outre une inexactitude historique flagrante.
Ah bon, il y avait des familles juives qui vivaient à Jérusalem-Est avant 1948 ? Mais alors pourquoi sont-elles parties ? L’AFP n’en dit rien.
Certes, il y a eu une « guerre ». Par qui a-t-elle été déclenchée ? La dépêche n’est guère plus prolixe mais commet au passage une énormité. Selon l’AFP, c’est la guerre de 1948 qui a conduit à la création de l’Etat d’Israël, et non l’inverse !
Ce gloubi-boulga journalistique permet, en une phrase, de faire passer à la trappe l’épuration ethnique à laquelle s’est livrée l‘armée jordanienne lorsqu’elle a conquis la partie orientale de Jérusalem. Des milliers de familles juives qui y vivaient depuis des générations ont été chassées par la force des armes.
Si, comme l’affirme faussement l’AFP, la guerre de 1948 a « mené à la création de l’Etat d’Israël », c’est donc que les Israéliens en ont été les instigateurs… Bien entendu, rien n’est affirmé clairement. Tout est suggéré, insinué par des non-dits et des phrases en creux.
Par ce tour de passe-passe sémantique, l’Agence France-Presse évacue le refus arabe du plan de partage et l’attaque du jeune Etat juif – qui venait d’être créé – par les armées égyptienne, syrienne, jordanienne, libanaise, irakienne…
La source de la dépêche : une première version en arabe
InfoEquitable est parvenu à reconstituer le cheminement tortueux qui a conduit l’AFP à diffuser cette dépêche en trois langues.
La première version a été rédigée par Hiba Aslan, une journaliste palestinienne en poste au bureau de Jérusalem, (qu’InfoEquitable a déjà épinglée pour son militantisme).
Hiba Aslan a rédigé le texte original en arabe.
La traduction du titre de la dépêche (ici reprise par le site de France 24 en arabe) est la suivante :
Ce titre est un rien tendancieux. Ce ne sont pas des « colons » qui ont porté l’affaire en justice mais les héritiers d’ayant-droits – régulièrement propriétaires des lieux – dépossédés par l’armée jordanienne.
La dépêche en arabe ne dit pas un mot de cet épisode essentiel de la guerre de 1948, indispensable pour comprendre les arguments de la partie israélienne.
Au lieu de ça, un paragraphe alambiqué qui semble se perdre dans les méandres de l’histoire ancienne du Moyen-Orient.
Les revendications des colons sur le bâtiment et les autres maisons reposent sur le fait que le terrain a été attribué à la fin du 19ème siècle par ses propriétaires juifs à un fonds juif oeuvrant pour les Juifs du Yémen à Jérusalem.
Effectuant un grand saut chronologique, cette version arabe de la dépêche souligne que « toutes les maisons palestiniennes du quartier ont été construites légalement après 1948 », puis que « Israël a occupé Jérusalem-Est en 1967, alors que la ville se trouvait sous souveraineté jordanienne… ».
Cette dépêche arabe a tout de même le mérite – si l’on ose dire – de faire référence l’occupation en 1948 puis l’annexion de la partie orientale de Jérusalem par l’armée jordanienne, même si elle estime que cette « souveraineté jordanienne » ne fait pas l’ombre d’une contestation.
La version française passe sous silence l’annexion de Jérusalem-Est par les Jordaniens
Sur ce point, la version française de la dépêche est beaucoup plus ambiguë, voire tronquée.
Elle désigne laconiquement Jérusalem-Est comme « la partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël depuis 1967 ».
Aucun plan de partage, aucun accord de paix, aucune résolution internationale n’a pourtant jamais attribué ce secteur oriental de la ville aux Palestiniens. Cette « partie palestinienne » de la ville relève de la doxa quasi officielle de l’AFP qui depuis des lustres présente à ses abonnés les revendications du camp arabe comme légitimement fondées.
Une version en anglais, plus fidèle à la réalité
A partir de cette première version arabe, l’AFP a également édité une dépêche en anglais à destination de ses abonnés anglo-saxons.
Après avoir rappelé les revendications de l’association Ateret Cohanim sur l’immeuble de Silwan et la loi israélienne relative aux anciens propriétaires avant la guerre de 1948, la dépêche indique :
During the war, thousands of Jews fled Jerusalem as Jordanian-led Arab forces seized the city, while hundreds of thousands of Palestinians fled from land that was later to become Israel.
( Durant la guerre, des milliers de Juifs ont fui Jérusalem alors que les forces arabes menées par les Jordaniens avaient conquis la ville, tandis que des centaines de milliers de Palestiniens ont fui leurs terres qui deviendraient plus tard Israël. )
Ce paragraphe ne figure ni dans la version arabe, ni dans la version française.
Pour quelle raison ? L’AFP, à qui InfoEquitable a adressé une demande d’explication, n’a pas répondu.
Le silence de l’AFP ne nous empêchera pas de continuer notre travail de veille médiatique et de mettre en exergue les incohérences relevées dans ses dépêches, qu’elles soient écrites en français, en anglais ou en arabe.
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Auteur : InfoEquitable. Si vous souhaitez reproduire cet article, merci de demander ici une autorisation écrite préalable.
Photo : Flickr CC BY 2.0 DYKT Mohigan
Well / 29 janvier 2020
Le problème c’est qu’en diffusant constamment des fake news, l’antisémitisme en Europe se propage rapidement, leurs « journaleux » qui chient leurs articles sont musulmans, tout est là .
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NanonyMouse / 29 janvier 2020
« toujours dans le but d’accabler Israël. » par InfoEquitable (anonyme)
Merci de nous avoir montré le vrai visage qui se cache derrière Info »Equitable ».
Saloperies de sionistes !!!
Fuck la Hasbara !!!
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InfoEquitable / Auteur / 29 janvier 2020
Merci pour vos compliments (anonymes). Nous sommes très touchés 🙂
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Tanzy Roxane / 31 janvier 2020
Merci pour ce décryptage toujours méticuleux. Et fuck aux anti-sionistes, anti-israéliens et en réalité antijuifs. Il faut être bien débile (comme le specimen ci-dessus) pour ne pas avoir compris le but de ce site qui essaie de neutraliser la propagande antisioniste qui fait rage en Occident. Ou bien haineux ce qui revient au même…
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