Le Courrier international a relayé un article accusant Israël d’avoir détruit un bâtiment érigé par les Palestiniens pour lutter contre le coronavirus – tout en ignorant le démenti officiel des autorités israéliennes. Conséquence : des commentaires haineux sur les réseaux sociaux…
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Mise à jour
Suite à notre article, le Courrier international a réagi en ajoutant une mise à jour à la fin de son texte. Le démenti de l’administration israélienne y est désormais mentionné.
Les community managers du Courrier international ont en outre tenu compte de notre remarque en faisant le ménage sous le post Facebook de l’article. Ils y ont supprimé tous les commentaires violemment antisémites que nous signalions.
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Le coronavirus est largement utilisé par la propagande palestinienne qui accuse tour à tour Israël de vouloir contaminer les Palestiniens, ou de les empêcher de se soigner.
InfoEquitable a déjà relevé comment France Inter avait accusé Israël d’avoir détruit un hôpital de campagne pour patients palestiniens atteints du Covid en passant sous silence l’existence d’un démenti officiel israélien (le CSA, saisi sur ce reportage, doit encore se prononcer).
Le Courrier international vient de réitérer la même manœuvre en reprenant un article issu du site Middle East Eye, connu pour être extrêmement critique envers Israël.
On y lit qu’Israël a « démoli un centre de dépistage du Covid-19 » à Hébron, après avoir refusé d’octroyer un permis de construire.
Le terrain est situé en zone C de Cisjordanie, un territoire dont la gestion est sous la responsabilité de l’administration israélienne depuis les accords d’Oslo. Israël est donc parfaitement en droit de refuser des permis de construire.
Evidemment, quelles que soient les justifications juridiques, le fait d’empêcher la construction d’une structure sanitaire pourrait apparaître choquant… s’il était avéré.
Nous verrons qu’il n’en est rien, mais avec un tel article, la rumeur se répand. Il y a un message de diabolisation d’Israël qui est limpide dans cette déclaration d’un avocat cité dans le texte :
« D’une façon générale, Israël met des bâtons dans les roues des Palestiniens dans leur lutte contre le virus ».
Le point de vue israélien passé sous silence
La technique est la même que dans le reportage de France Inter : colporter les accusations palestiniennes sans prendre la peine de consulter les autorités israéliennes, en l’occurrence le COGAT, l’organisme dépendant du ministère israélien de la défense chargé de coordonner les affaires civiles en Cisjordanie, et notamment de délivrer les permis de construire en zone C.
Pourtant, là encore, le COGAT a fermement démenti les accusations.
Selon un article du Jerusalem Center for Public Affairs, des activistes de la cause palestinienne ont mené une campagne autour de cette accusation de démolition injuste mais, en réalité, la structure démolie n’a rien d’un centre médical.
Le site renvoie vers un communiqué émis le 17 juillet (5 jours avant la parution de l’article dans le Courrier international…) par le général de division Kamil Abu Rukun, chef du COGAT.
Voici ce qu’il dit dans ce texte rédigé en arabe (sa langue maternelle puisque, c’est à noter, ce haut gradé de l’armée israélienne n’est pas un Juif, mais un Druze) :
Ces dernières heures, de fausses rumeurs se sont répandues sur les réseaux sociaux sur l’intention de l’Administration civile et du bureau de coordination et de liaison de Hébron de démolir un complexe dédié à la réalisation de tests pour diagnostiquer l’infection par le coronavirus à Hébron.
Contrairement aux allégations formulées, il n’y a pas eu de plan pour établir une installation de dépistage du coronavirus à cet endroit.
Ce n’est rien d’autre qu’un mensonge, car les discussions portaient sur les fondations d’un bâtiment qui a été construit illégalement à cet endroit à des fins personnelles. C’est ce qui a été rapporté par l’initiateur des travaux de construction lui-même à des organes appartenant à l’administration civile.
Quant à l’enseigne qui a été suspendue à cet endroit, qui indique qu’il existe un projet de mise en place d’un complexe d’examen du coronavirus sur le site, c’est une fausse affaire, car elle n’a été suspendue qu’après la remise de l’ordre d’arrêt des travaux sur le chantier et après la confiscation des outils de travail qui ont été utilisés dans la construction.
L’Administration civile n’a reçu aucune demande concernant la création d’un complexe de dépistage du coronavirus sur ce site, que ce soit de l’Autorité palestinienne ou d’organisations internationales.
Dans un procès, on donne la parole à l’accusation et à l’accusé, qui a le droit de se défendre.
Cette équité fait défaut dans le Courrier international, où Israël est accusé d’un méfait mêlant racisme et violation des droits de l’homme, sans que le démenti formel des autorités israéliennes ne soit porté à la connaissance des lecteurs.
Résultat : le post Facebook de l’article, liké plus de 2500 fois, regorge de commentaires haineux envers Israël, certains flirtant ouvertement avec l’antisémitisme en assimilant les Juifs aux nazis.
Et les modérateurs du Courrier international laissent faire.
Un mensonge, plusieurs versions…
Un affabulateur a rarement le souci de l’exactitude. On trouve donc souvent des incohérences dans son récit.
Ici, ce que l’homme décrit comme le propriétaire de la parcelle, Raed Maswadeh, présentait au Middle East Eye comme un « centre de dépistage » devient un « centre de quarantaine » dans un article turc.
A moins qu’il ne se soit agi d’un hôpital de campagne, comme l’affirme le maire de Hébron dans une interview ?
Il n’y a pas davantage de cohérence dans le récit temporel de l’affaire. Selon le Courrier international, « Raed Maswadeh raconte que le chantier avait démarré depuis deux mois quand, le 12 juillet, les soldats qui patrouillaient jusque-là aux alentours “ont reçu l’ordre d’arrêter la construction, ordre qui leur a été communiqué par un commandant de l’armée de terre israélienne”. »
Mais le blog Elder of Ziyon relève que, dans un autre article du site Al-Quds al-Arabi, Raed Maswadeh (qui adopte là aussi la version du « centre de quarantaine ») prétend que « le bâtiment a été entièrement équipé depuis trois mois »…
Alors, deux mois ? Trois mois ? Elder of Ziyon a aussi découvert une autre interview du maire de Hébron le 20 juillet qui, optant cette fois pour la version du simple « centre de dépistage », affirmait que la construction avait commencé « il y a 11 jours sur cette parcelle qui avait été donnée par le citoyen Raed Maswadeh ». Ce qui tendrait à aller à l’encontre de la thèse du supposé « sadisme » d’une armée israélienne qui aurait laissé la construction avancer pendant des semaines pour tout détruire ensuite…
A quoi sert le mensonge ?
Elder of Ziyon observe qu’il serait absurde de dépenser une grande somme pour construire un centre médical dans la zone C, sachant que la destruction est quasi-certaine en l’absence d’octroi d’un permis, alors que 80% de Hébron est en zone A – sous administration palestinienne, dans laquelle un tel centre pourrait être construit sans avoir besoin de la permission d’Israël.
Le blog poursuit son analyse : « Il s’agit d’un cas classique de Palestiniens construisant délibérément dans la zone C à des fins purement politiques – si Israël applique la loi, il passe pour un méchant pour avoir démoli ce que les Palestiniens prétendent être des infrastructures essentielles ; si Israël n’applique pas la loi, ils réussissent à voler des terres à Israël. L’histoire changeante de Maswadeh et son empressement à faire passer Israël pour le diable le prouve. »
Une chose est sûre : il existe de nombreux éléments contradictoires avec le récit offert par le Courrier international à ses lecteurs, y compris un démenti officiel de l’administration israélienne qui est la principale accusée et auquel tout journaliste a accès.
En faisant aveuglément confiance au récit du média « engagé » Middle East Eye sans porter ces éléments à la connaissance des lecteurs, le journal les a privés d’une bonne compréhension du sujet. Ouvrant la porte aux dérapages contre Israël et les Juifs, comme l’ont montré les commentaires suscités par l’article…
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